Je ne vous ai pas interrompu, monsieur le député ; laissez-moi poursuivre.
Ce serait d'abord l'échec absolu de la politique que nous avons menée depuis huit ans, en dépit des succès que nous avons remportés. Pourquoi oublier toujours que nous avons construit 13 000 à 14 000 kilomètres de route, scolarisé 6 millions d'enfants et offert à 80 % des Afghans l'accès aux soins médicaux de base ? Nous faisons en permanence des projets de construction, insuffisants, certes, mais qui se concrétisent souvent. Autant de réalisations qu'il faut mettre dans la balance, si l'on veut évaluer les résultats de l'alliance depuis 2001.
Si nous abandonnions ce théâtre, l'Afghanistan serait livré au chaos, ce qui amènerait vraisemblablement les Talibans à reprendre le pouvoir. Ils instaureraient un régime que vous dénoncez autant que moi, et feraient de leur pays une base arrière du terrorisme international. Or celui-ci représente pour toute la planète, mais plus encore pour les démocraties, une menace majeure. Accepter le retour des Talibans en Afghanistan serait exposer indirectement la France à des menaces terroristes internationales plus graves encore que celles qu'elle connaît actuellement.
Laisser l'Afghanistan s'effondrer reviendrait également à prendre le risque d'une contagion à d'autres pays voisins : l'Iran, les républiques d'Asie centrale et le Pakistan, soumis aujourd'hui à des risques de déstabilisation majeurs, puisque l'armée pakistanaise ne contrôle plus une partie du territoire. Une démission collective, qui anéantirait neuf ans d'efforts, exposerait au risque de la contagion un pays de 140 millions d'habitants, qui détient l'arme nucléaire.