Le budget de la mission « Défense » du projet de loi de finances pour 2010 s'inscrit très précisément dans la continuité du Livre blanc et de la loi de programmation militaire.
Il propose un volume de crédits suffisant, dans le contexte de crise qui est le nôtre, pour que les programmes d'équipement prioritaires soient engagés. Les différents rapporteurs les ayant présentés en détail, je n'y reviendrai pas.
Le Livre blanc identifiait un arc de crise de la Mauritanie au Pakistan et l'actualité nous confirme sans discontinuer la justesse de ce choix. Sachant que c'est dans l'action et face au feu que l'on apprécie la qualité des décisions stratégiques et budgétaires, mes propos s'appuieront sur deux zones critiques, dans lesquelles nos forces sont engagées, dans des conditions difficiles et très différentes : la région de la corne de l'Afrique et du Golfe Persique ; l'Afghanistan.
Dans ces deux régions, les opérations révèlent nos forces, nos limites et nos craintes pour l'avenir.
S'agissant des opérations menées dans le Golfe Persique, à dominante maritime, les excellents résultats obtenus dans la lutte contre la piraterie illustrent la complémentarité réussie de nos trois armes dans cette zone et mettent en évidence la capacité d'une mise en oeuvre opérationnelle à dimension multinationale. Ils mettent en valeur la fiabilité de nos forces spéciales et des fusiliers embarqués sur les chalutiers, si chaleureusement défendus par mon collègue Le Bris.
Appuyées sur nos deux bases d'Abou Dabi et Djibouti, elles révèlent toutefois le besoin de renouvellement régulier des bâtiments de notre marine – je pense en particulier aux frégates européennes multi-missions – et des aéronefs – hélicoptères embarqués et AWACS –, tant pour le renseignement que pour l'action.
Cette complémentarité marine-aviation s'est cependant vue amoindrie en 2008 et 2009, par l'arrêt opérationnel du Charles de Gaulle. Deux constats peuvent être faits à ce sujet : d'une part, celui des progrès réalisés par les équipes de maintenance qui ont rapidement formulé le bon diagnostic et réduit au maximum l'immobilisation du Charles de Gaulle ; d'autre part, celui de l'évidente obligation de conserver un deuxième porte-avions opérationnel pour relayer efficacement nos opérations en mer et garantir la permanence de notre aéromobilité.
S'agissant de nos opérations extérieures, un réel risque de rupture capacitaire pèse sur les transports tactiques – cela déjà été évoqué –, les hélicoptères NH 90, les avions ravitailleurs, les Rafale, victimes d'un décalage temporel entre la commande, le financement et la livraison.
Ce délai entraîne un deuxième risque, celui d'une utilisation trop tendue de ces matériels par les opérations, qui prive les équipages d'un temps d'adaptation et de formation suffisant. Cette remarque vaut également pour les matériels destinés aux opérations de sécurité et sauvetage en mer, civiles et militaires.
En Afghanistan, les opérations, à dominante terrestre, sollicitent durement hommes et matériels face à un ennemi redoutable. Le courage de nos soldats, que je salue, est à la hauteur de celui de leurs grands anciens.
Les engagements sur le terrain confirment la bonne préparation, la bonne formation et la bonne adaptation de nos hommes aux missions qui leur sont confiées. Ils confirment aussi notre réactivité face aux évolutions exigées par les conditions spécifiques du conflit en termes d'équipements individuels – les tenues FELIN en sont un bon exemple –, de blindages adaptés et de nouveaux véhicules blindés. J'y ajouterai la mise à disposition des matériels anti-mines Buffalo, des brouilleurs pour les déclencheurs de mines, l'appui aérien avec les hélicoptères Tigre et enfin, l'engagement du canon Caesar.
Ces opérations en terrain hostile ont cependant révélé l'absolue nécessité des drones pour la sécurité des hommes par le renseignement rapproché. Notre sous-équipement dans ce domaine est inquiétant. La disponibilité d'hélicoptère lourds est également insuffisante.
La durée de l'engagement en Afghanistan, qui risque d'être assez longue, imposera sans nul doute des efforts très rapides pour ces matériels.
Monsieur le ministre, ce budget est bon parce qu'il est fidèle à la loi de programmation militaire et maintient les crédits de programme. Il démontre vraiment, face à un avenir fluctuant dans les financements et incertain dans les risques, une capacité d'adaptation et de réactivité de l'institution militaire que nous espérions depuis longtemps. Face aux dangers qui nous attendent, ce talent sera déterminant pour que nos armées conservent un rang à la hauteur des ambitions que nous formons pour elles. Avec mes collègues de l'UMP, je le voterai sans réserve. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP et sur divers bancs du groupe SRC.)