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Intervention de Philippe Vitel

Réunion du 5 novembre 2009 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2010 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Vitel :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, « la menace représentée par les missiles balistiques et de croisière contre le continent européen s'accroît. D'ici à 2025, la France et plusieurs pays européens se trouveront à portée de nouvelles capacités balistiques. Quelles que soient les intentions des gouvernements qui se doteront de ces capacités, cette exposition directe constitue une donne nouvelle à laquelle la France et l'Europe doivent être préparées ». Ce court extrait du Livre blanc démontre l'importance pour notre pays de se doter d'une capacité de défense anti-missiles balistiques à même de préserver ses intérêts vitaux, de protéger ses forces envoyées en opérations et ses zones de vulnérabilité.

Le 21 mars 2008, à Cherbourg, le Président de la République, qui confirmait le rôle de la dissuasion nucléaire comme garantie ultime de notre sécurité, de notre indépendance et de notre autonomie de décision, évoquait aussi le rôle utile et non contradictoire des capacités de défense anti-missiles balistiques. Celles-ci pouvaient selon lui être un complément à la dissuasion nucléaire, sans bien sûr s'y substituer. Le Président de la République insistait aussi sur nos solides compétences techniques en ce domaine, lesquelles pourraient être mises à profit le cas échéant.

Le 3 avril 2008, lors du sommet de l'OTAN à Bucarest, le Président de la République proclamait que, pour la France, une telle capacité de défense anti-missiles pouvait apporter un complément utile face à une frappe limitée. Le 17 juin 2008, à la Porte de Versailles, il rappelait que notre pays devait développer des moyens de détection et d'alerte avancée des tirs de missiles balistiques.

Monsieur le ministre, mes chers collègues, la défense anti-missiles balistiques est un sujet à la fois politique, stratégique, militaire et industriel sur lequel la France doit, comme l'a souligné à plusieurs reprises le Président Nicolas Sarkozy, être en première ligne. Aussi devons-nous nous donner les moyens d'aller bien au-delà de nos engagements actuels. Nos amis américains, eux, viennent de confirmer l'importance de la menace balistique en ciblant d'abord la menace de courte et moyenne portée, qui connaît un développement rapide, et ont révisé en conséquence leur stratégie de déploiement en Europe. Les missiles et les radars devant constituer le troisième site en République tchèque et en Pologne sont abandonnés et remplacés par le déploiement progressif, en quatre phases, de missiles SM-3 évolutifs équipant des plateformes navales et disposant d'une version terrestre. Les Américains souhaitent que ce déploiement s'effectue dans le cadre de l'OTAN, et comptent faire y contribuer les Européens qui bénéficieront de la protection.

Que se passerait-il si la France, qui a salué la nouvelle appréciation de la menace par les États-Unis, n'allait pas au-delà de ses engagements actuels ? Bien sûr, elle pourrait toujours contribuer à l'alerte grâce aux données de ses satellites ; mais, bien qu'ayant participé au développement et à la mise en place du système de commandement et de contrôle, puisqu'elle n'a aucun intercepteur à relier au système – hormis l'Aster SAMPT, qui deviendra vite très limité –, elle n'aura aucun argument à faire valoir pour participer à la chaîne d'engagement, donc à la protection des zones de vulnérabilité. Nos amis américains en auraient alors la maîtrise totale.

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