Monsieur Colombier, nous connaissons votre investissement dans ce domaine depuis de nombreuses années. L'insertion par l'activité économique est un élément très important ; je partage votre conviction qui a le mérite de montrer que la seule et véritable insertion passe par le travail. Il s'agit d'un secteur que l'État soutient fortement, avec des crédits à hauteur de 207 millions d'euros pour 2010, ce qui représente une augmentation de plus de 60 % depuis 2005.
Les modes de financement de ces structures, vous le savez bien, ne sont pas toujours satisfaisants. D'abord, le forfait des entreprises d'insertion, qui n'avait pas été revalorisé depuis longtemps, n'incite pas véritablement les entreprises à faire un travail de fond. De plus, les aides à l'accompagnement sont trop marginales alors que, dans ce secteur, l'accompagnement prend beaucoup de temps. Cette action constitue un élément en faveur duquel il faut beaucoup investir. C'est seulement ainsi que l'on arrive à remettre sur le bon chemin des gens un peu cassés par la vie.
Nous avons donc décidé d'engager une réforme du mode de financement, dont le but n'est en aucun cas d'appliquer bêtement une simple grille de lecture et de demander à toutes les entreprises de réinsérer le même pourcentage de gens, ce qui n'aurait pas de sens, mais de fixer avec les acteurs de ce secteur des objectifs prenant en compte la diversité des bassins de vie et des territoires, ainsi que celle des publics accompagnés. Ce doit être un dispositif incitatif, c'est-à-dire qu'une entreprise d'insertion qui accomplit un travail d'insertion, qui prend en charge des publics vraiment en difficulté et arrive à avoir de très bons taux d'insertion doit être aidée davantage.
Aujourd'hui, le système, est un peu désincitatif ; il tire tout le monde vers le bas. Nous souhaitons au contraire valoriser ceux qui consentent un gros effort d'insertion. Il est bien évident que c'est une petite révolution culturelle pour le secteur. Nous allons travailler avec eux et, si vous êtes d'accord, je vous associerai à ces réflexions.