Monsieur le président, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, comment évoquer la situation de l'outre-mer sans revenir sur la crise qui, à la fin de l'année dernière et au début de cette année, a secoué les départements d'outre-mer, la Guadeloupe en particulier. Crise sociale, interrogation identitaire, entreprise politique ? Ce qui est certain, c'est que les difficultés sociales sont évidentes : un salaire moyen inférieur de l'ordre de 10 % au salaire moyen métropolitain ; des prix très souvent plus élevés, fréquemment de 30 %, parfois davantage, comme l'a fort bien expliqué notre collègue Marie-Jeanne ; un taux de chômage qui, malgré une amélioration au cours des dernières années, reste encore trois fois supérieur à la moyenne nationale.
Objectivement, la situation sociale est difficile. Subjectivement, elle est ressentie comme une injustice, sentiment dont il faut reconnaître qu'il est très souvent fondé.
Il est évident que, dans ce cadre, la moindre étincelle peut conduire à un embrasement général. C'est ce qui s'est passé au début de cette année, l'étincelle ayant été le prix des carburants. On ne dira jamais assez que le système qui régit actuellement les départements d'outre-mer est dépassé, tout d'abord parce qu'il est inflationniste – jamais les réglementations ne produisent les effets que l'on attend. Nous savons, par ailleurs, que les normes de qualité de nos carburants entraînent des prix plus élevés mais rendent aussi la rationalisation des circuits de distribution impossible, particulièrement dans la Caraïbe.
La crise du début de l'année a donc des raisons d'ordre social mais je crois qu'il est évident qu'elle a également fait l'objet d'une orchestration et d'une exploitation de nature incontestablement politique. Les départements antillais sont, en effet, parmi les derniers départements de France où recrutent des organisations syndicales qui confondent délibérément la défense des travailleurs et le militantisme révolutionnaire.