Le budget pour 2010 du ministère des affaires étrangères et européennes a pour objectif de conforter une logique d'influence en utilisant une grande variété d'instruments pour promouvoir des positions tant économiques que politiques et culturelles. Dans un contexte économique difficile, il constitue un budget d'engagement consacré au soutien au multilatéralisme, à la gratuité de la scolarité, à l'action culturelle extérieure et à la sécurité, mais c'est aussi, comme vous l'avez rappelé, monsieur le ministre, un budget de réforme qui traduit l'effort de l'État pour moderniser son action publique.
Les crédits du présent projet de loi de finances s'élèvent à 597,9 millions d'euros pour le programme « Rayonnement culturel et scientifique » de la mission « Action extérieure de l'État ». Cela représente, malgré tout, une progression de 0,9 % en autorisations d'engagement et crédits de paiement par rapport à la loi de finances initiale pour 2009.
La mesure emblématique de ce projet de budget est la rallonge exceptionnelle de crédits de 20 millions d'euros destinée à accompagner la réforme de l'action culturelle extérieure et les 20 autres millions d'euros obtenus en 2009, dans le cadre de la réforme en cours de notre réseau culturel. Ces 40 millions d'euros représentent, pour reprendre, monsieur le ministre, vos propos, « un coup d'arrêt […] donné à l'érosion budgétaire. […] C'est un premier pas qu'il faudra consolider » car « les moyens financiers se sont érodés alors que les attentes sont grandissantes ; la rallonge budgétaire vise à enrayer cette érosion, mais, à terme, il nous faut trouver des ressources nouvelles ».
Cet effort est important dans le contexte budgétaire que l'on connaît ; je le reconnais volontiers, et je tiens d'ailleurs à le saluer, même si, dans le même temps, comme la plupart de mes collègues, j'aurais souhaité qu'il soit plus marqué encore.
Il est important parce qu'il traduit votre soutien et celui du Gouvernement à notre réseau culturel et à la réforme nécessaire et attendue de l'action culturelle extérieure de la France. Vous savez en effet que, dans ce domaine, les attentes sont grandes pour doter notre pays d'une politique d'action culturelle cohérente. Dans un environnement international compétitif, cet objectif s'impose d'autant plus fortement que de nombreux indicateurs démontrent que notre offre n'est pas à la hauteur de la demande et que notre action culturelle extérieure souffre de plusieurs handicaps.
Cet enjeu est au coeur du second acte de la réforme de l'action extérieure de la France que vous avez engagée, sur deux fronts principaux : celui de l'attractivité et de la mobilité, d'une part ; celui de la culture, d'autre part. Ils doivent se traduire par la création d'une agence, pour ce qui concerne l'action culturelle extérieure, et par celle d'un nouvel opérateur chargé de contribuer au renforcement de l'attractivité et au rayonnement de la France. À ce sujet, je rappelle la volonté de mes collègues, que, comme vous l'imaginez, je partage : nous souhaitons que soit examiné au plus tôt le projet de loi relatif à ces créations déposé au Sénat en juillet dernier.
Je m'attarderai sur deux axes du programme « Rayonnement culturel et scientifique » : l'enseignement public à l'étranger et le développement de la langue française au niveau européen et international.
L'enseignement français à l'étranger est un outil irremplaçable pour notre influence dans le monde, chacun le sait, mais son coût croît de façon exponentielle, chacun le constate également, du fait, sans doute, de sa qualité, mais aussi en raison de sa gratuité pour les familles françaises. Je me félicite que le Gouvernement ait accepté, à ce sujet, certaines mesures d'encadrement de nature à contrôler cette augmentation du coût. Je me félicite, en outre, que ce budget ait été réaffecté, de telle sorte que des missions complémentaires, confiées à l'AEFE, puissent être prises en charge par cette agence. L'une de ces nouvelles missions concerne le rôle de stratégie d'influence dévolu, désormais, à l'AEFE en matière culturelle, économique et politique, notamment par l'accueil d'élèves étrangers. Cette mission recouvre une dimension toute particulière et mérite d'être soutenue.
Les 90 000 enfants étrangers scolarisés dans nos lycées français participent au rayonnement de notre pays. Il convient, notamment là où s'exerce une forte concurrence avec les réseaux scolaires étrangers, de leur permettre de poursuivre leurs études supérieures dans un établissement français et de renforcer leur mobilité. Former les élites étrangères à penser et à s'exprimer en français est un investissement stratégique. Une fois de retour dans leurs pays, ces étudiants sont, la plupart du temps, les meilleurs défenseurs de notre langue, de notre culture et de nos intérêts. Ils sont également les meilleurs avocats de notre pays, de son image et des valeurs d'universalité et d'humanisme qui sont les siennes.