Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, alors que près de 200 millions de personnes dans le monde parlent le français, qui est la deuxième langue la plus parlée dans l'Union européenne, l'action extérieure de la France mérite d'être considérée sous le prisme de la francophonie, dont elle constitue le pilier principal, celui de la francophonie bilatérale.
Alors que le monde regarde la France comme le phare de la francophonie, qu'en est-il vraiment de notre engagement ? Des esprits chagrins se plaisent à considérer que nous n'en faisons pas assez. Peut-être, en réalité, la France ne dit-elle pas assez l'engagement qui est le sien pour la langue et la culture françaises. Peut-être aussi, monsieur le ministre, la dispersion des crédits sur plusieurs missions budgétaires ne favorise-t-elle pas la lisibilité de notre politique.
Consciente que la mission « Action extérieure de l'État » que nous examinons engage des financements importants – malgré les critiques positives de mes collègues, que je fais miennes – pour notre rayonnement culturel et scientifique à travers le programme 185, mais consciente aussi que l'action extérieure de la France est présente dans le programme 209, « Solidarité à l'égard des pays en développement », de même que dans la mission « Audiovisuel extérieur de la France », je veux souligner qu'il serait nécessaire de regrouper, dans la présentation, toutes les actions et tous les efforts financiers consentis par notre pays pour le rayonnement de la francophonie bilatérale et multilatérale. Il est difficile d'y voir clair, en effet.
Or mes collègues de l'APF et moi-même avons à coeur de promouvoir l'action de notre pays lors de nos déplacements : il faut dire, en France et à l'étranger, ce que nous faisons ; il faut dire que la France s'est engagée, comme aucun autre pays ne l'a fait, dans un réseau d'enseignement français à l'étranger, qui compte 461 établissements scolaires dans 130 pays, avec 173 600 élèves, dont 91 137 étrangers, soit plus de 50 %, comme l'a souligné le président Poniatowski ; il faut dire que la francophonie passe aussi par l'accueil des étudiants étrangers en France, par les bourses qui leur sont accordées ; il faut dire que la France est engagée dans un réseau culturel dont la réforme permettra une meilleure adaptation aux réalités actuelles, et dont la qualité n'est pas à démontrer : ce sont 130 instituts et centres culturels présents dans quatre-vingt-douze pays, plus de 1 000 Alliances françaises présentes dans 136 pays ; il faut dire que 971 934 personnes ont pu suivre des cours de français dans nos instituts et Alliances.
Monsieur le ministre, comme vous, je défends le renouveau de la politique culturelle pour une plus grande efficacité. Nous devons nous inspirer de ce qui marche ici et là. La mutualisation des bâtiments et des moyens matériels peut être une réussite. J'ai pu le constater avec le petit centre pluriculturel de Niamey, qui est d'un très grand dynamisme. Cependant la rénovation de centres anciens, d'une autre époque, surdimensionnés, inadaptés, tel celui d'Abidjan, me paraîtrait inutilement dispendieuse. Vous en jugerez.
La recherche de partenariats financiers, notamment avec des collectivités territoriales, comme j'ai pu le voir au centre culturel du Chouf, au Liban, est un exemple à suivre. Ce petit centre culturel, merveilleux par son architecture et son dynamisme, a mis en place une politique culturelle hors les murs exemplaire, grâce au partenariat établi avec le conseil général des Hauts-de-Seine, par l'apport d'un bibliobus et d'un médiabus.
Monsieur le ministre, permettez-moi de remarquer que l'effort de l'État, à travers le programme 209 pour la francophonie multilatérale, avec 65 millions d'euros à l'OIF, répartis entre la contribution statutaire et les conventions d'objectifs et de moyens, s'accompagne d'un engagement fort réitéré par le Président Sarkozy et tenu par la France, avec l'aménagement et la mise à disposition gracieuse sur cinquante ans de la Maison de la francophonie qui sera inaugurée le 20 mars prochain. Ce dernier effort ne se substitue pas, mais s'ajoute à celui qui était précédemment consenti : il représente 5,3 millions d'euros par an et contribuera au rayonnement de la France dans le monde francophone.
Si l'on ajoute à ce panorama l'engagement de la France pour l'audiovisuel extérieur – RFI, TV5 Monde, France 4 – dont nous examinerons prochainement les crédits, on voit que la réalité de l'apport de la France et de son influence pour la défense et la promotion de la langue française, de la diversité culturelle, des valeurs qui fondent la francophonie – démocratie, solidarité, droits de l'homme –est importante.
Telle est notre responsabilité culturelle, politique, que le secrétaire général de l'OIF, Abdou Diouf, exprimait ainsi : « La langue française appartient, certes, à tous ceux qui l'utilisent, la langue française est sans frontières, il n'en demeure pas moins que le combat pour la francophonie commence en France même. » Sachons, nous aussi, le rappeler. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)