Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, l'examen des crédits de la mission « Action extérieure de l'État » est l'occasion de réfléchir sur la capacité de notre pays à exister hors de ses frontières pour y défendre nos valeurs, nos intérêts et aussi pour permettre à la France de tenir son rang de grande nation, une France considérée comme une référence qui doit donc rayonner. C'est aussi l'occasion de vérifier si les moyens alloués à notre réseau diplomatique suffisent pour conforter notre influence et faire progresser les thèmes qui nous sont chers.
Certes, on doit tenir compte de contraintes budgétaires mais la RGPP et les réformes parfois difficiles sont nécessaires. Ces préoccupations, ces efforts de bonne utilisation des fonds publics ne doivent en aucun cas nous faire oublier que, avec cette mission, notre objectif est de conforter la présence de notre pays dans le monde, pour y défendre nos intérêts économiques et pour générer ainsi de la croissance et de l'emploi ; mais également pour y être porteur d'un modèle auquel nous croyons tous : les droits de l'homme, la francophonie, la culture française.
Dans une économie mondialisée, l'influence anglo-saxonne est prégnante et celle des pays émergents se fait grandissante. L'Europe et la France ont besoin de se faire entendre et, pour cela, les postes diplomatiques français sont des bases essentielles pour le rayonnement de notre pays mais aussi pour l'Europe. On ne peut donc priver notre pays de cette force de frappe, car la France ne peut se permettre de faire l'économie de son rayonnement. C'est pour cette raison que je plaide en faveur d'une augmentation des crédits de cette mission.
Or, pour les seuls effectifs du ministère, on constate qu'ils auront baissé en trois ans de 700 postes équivalents temps plein, soit une baisse de 4,3 % par rapport à 2008. En six ans, ils auront été réduits de 10 %. Le ministère des affaires étrangères est le seul ministère régalien dont les effectifs diminuent sans discontinuer depuis de nombreuses années. Monsieur le ministre, pouvez-vous nous assurer que cette baisse d'effectifs ne portera pas atteinte à l'universalité de notre appareil diplomatique ? Personnellement, je suis soucieux de voir la transformation de trente ambassades en postes de présence diplomatique.
J'en profite pour aborder la situation des anciens ambassadeurs.
Nombreux sont ceux dont le savoir sur le monde et l'expérience de la diplomatie ne sont pas utilisés. Ne faudrait-il pas réfléchir aux moyens de bénéficier des services de ces retraités ?
Le rayonnement de la France, c'est aussi la langue et la culture françaises. En ce qui concerne l'enseignement du français, notre réseau à l'étranger, le plus vaste et le plus dense du monde, doit bénéficier d'efforts supplémentaires, surtout à un moment où, dans certains pays de l'espace francophone au sein duquel nous sommes historiquement influents, la langue française tend à régresser parmi les jeunes générations.
Au moment où, à l'initiative du Président de la République, se met en place une coopération des deux rives de la Méditerranée – l'Union pour la Méditerranée a célébré son premier anniversaire en juillet dernier –, ne serait-il pas, par exemple, pertinent d'accroître nos efforts dans des pays encore francophones ?
Les enjeux de la défense de la langue et de la culture françaises sont fondamentaux dans le cadre de la mondialisation et méritent des moyens humains et financiers en conséquence. Ce sont des investissements pour la France et les valeurs qu'elle porte.
La politique étrangère de la France, c'est une stratégie et non pas seulement une présence ou un positionnement. La politique étrangère de la France, c'est une ambition, une volonté affirmée toujours plus forte ; c'est la certitude, la conviction que la France a un grand rôle à jouer dans le monde. Oui, la politique étrangère de la France, c'est tout cela.
Je profite de cette occasion pour rendre un hommage aux agents de nos postes diplomatiques et consulaires qui assument chaque jour et en tous lieux du monde ce rôle essentiel que constitue la représentation de notre pays. Ils le font avec un professionnalisme et une ambition pour leur pays que nous devons saluer et ne pas décevoir en les assurant de notre soutien dans leur action. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)