Chacun conviendra que les défis du XXIe siècle sont essentiellement mondiaux, qu'il s'agisse de l'économie aujourd'hui globalisée mais mal maîtrisée et mal régulée sur le plan international, qu'il s'agisse des inégalités entre le Nord et le Sud qui se creusent avec des flux migratoires dont la gestion reste chaotique, souvent inhumaine et finalement porteuse de danger pour l'humanité, ou qu'il s'agisse bien sûr du réchauffement climatique pour lequel alternent, suite aux prises de position des uns et des autres, espoir et désespoir. Il en est ainsi pour les perspectives du prochain sommet de Copenhague.
Au-delà du débat sur le tribut que paie le ministère des affaires étrangères et européennes à la RGPP, il est permis de s'interroger sur l'avenir du réseau diplomatique de notre pays. Son universalité et sa pérennité pourraient être menacées pour deux raisons, que je souhaite évoquer dans les quelques minutes qui me sont imparties.
Dans le domaine économique, il serait opportun, à l'heure de la globalisation, de mener une action plus concrète et plus concertée entre le ministre des affaires étrangères et européennes et le ministre des finances. Le déficit du commerce extérieur est aujourd'hui abyssal : 55 milliards en 2008 ! Il est temps de soutenir notre politique commerciale extérieure, vous en conviendrez.
Comment dissocier affaires extérieures et affaires économiques tant ces questions sont liées ? Même l'espionnage est aujourd'hui devenu essentiellement économique. Et puis, trop souvent, nos politiques sectorielles conduisent à des résultats contradictoires : politique commerciale contre politique de développement, politique commerciale contre respect des droits de l'homme, ou encore politique commerciale contre politique environnementale.
Nous le savons, il y a, dans nos représentations à l'étranger, une certaine culture qui pousse à se tourner vers la politique, matière noble qui relève de la chancellerie, et à délaisser le reste. Introduisons donc davantage de diversité dans les profils, dans la formation de nos ambassadeurs aux questions commerciales. Multiplions les passerelles entre postes diplomatiques, consulaires et économiques, à l'instar de ce que font, ou essaient de faire, les Allemands et les Américains.
À l'heure de la globalisation, ce budget risque d'ailleurs de marquer un nouveau recul de la France sur le plan extérieur, avec une perte de 255 emplois et, plus préoccupant encore, avec un budget qui seul, a priori, va perdre des effectifs de catégorie A.
Faisant écho à la vive inquiétude de notre rapporteure concernant la baisse de 7,5 % de l'enveloppe ouverte sur l'action sociale, je répète, monsieur le ministre, que les expatriés les plus fragiles seront les principales victimes de ces économies budgétaires, alors même que les sommes en jeu sont faibles au regard du budget de l'État et que le contexte de crise justifiait à lui seul largement le maintien du niveau des aides actuelles, voire leur augmentation.
Quant au réseau culturel de la France à l'étranger, il doit venir en appui aussi de l'action économique extérieure de notre pays. Ne doit-on pas préconiser en ce sens le développement de ressources propres du réseau, avec recherche déterminée, professionnelle, de mécénat d'entreprises, d'aides des collectivités territoriales engagées dans des coopérations décentralisées actives et, bien sûr, de l'Union Européenne?
S'agissant, en second lieu, des questions migratoires, la quasi totalité du pouvoir politique a été transféré au ministère de l'immigration. Or permettez-moi de dire ici que l'identité nationale, sujet en vogue, c'est aussi le regard que l'extérieur porte sur notre pays.