Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, l'examen des crédits de la mission « Action extérieure de l'État » constitue chaque année pour nous l'occasion de débattre d'un sujet essentiel, celui des moyens que se donne notre pays pour exister et peser en dehors de ses frontières, lesquels résultent d'un choix avant tout politique, celui de faire vivre notre vision du monde et les principes et intérêts que nous entendons défendre.
À ce titre, je tiens à me réjouir que cette mission soit à nouveau discutée dans cet hémicycle en séance publique après avoir été, l'année dernière, examinée en commission élargie. Ce débat que nous avons aujourd'hui est d'autant mieux venu qu'à la suite des préconisations du Livre blanc de 2008, le ministère entre actuellement dans une nouvelle phase de son ambitieuse réorganisation.
Derrière un budget en augmentation, il y a ainsi de réels efforts, que je tiens à souligner, en termes de maîtrise des dépenses publiques. Déclinée au niveau du ministère des affaires étrangères et européennes, la réforme de l'État a conduit à la modernisation de l'administration centrale. Si nous disposons toujours du deuxième réseau diplomatique au monde, nos ambassades verront désormais leur format et leur vocation rationalisés et modulés en fonction de nos intérêts stratégiques sur place, ce qui conduira, par exemple, à la transformation d'une trentaine d'ambassades en « postes de présence diplomatique ». C'est ainsi que l'exercice 2010 verra les frais de fonctionnement du ministère réduits de 2 %, le nombre d'emplois publics diminuant dans les mêmes proportions.
Un chantier reste cependant devant nous, celui de la réforme de notre réseau culturel, dont il sera pour partie question dans la discussion du projet de loi relatif à l'action extérieure de l'État, qui revêt une importance cruciale à l'heure de la diplomatie d'influence.
Parallèlement à la modernisation du ministère, les moyens affectés à cette mission sont également à la hausse, afin de permettre à la France de répondre à ses engagements internationaux. Je pense non seulement au financement des opérations de maintien de la paix, qui fait l'objet d'une rallonge de 50 millions d'euros, mais aussi plus largement aux contributions versées aux organisations multilatérales qui constituaient auparavant, et de manière récurrente, des actions notoirement sous-dotées. Aussi, je tiens à saluer, dans cette augmentation des crédits, l'effort de sincérité budgétaire dont cette mission porte la marque.
Pour sa part, l'augmentation des crédits du programme « Français à l'étranger et affaires consulaires » s'explique avant tout, voire exclusivement, par la poursuite de la montée en puissance de la prise en charge par l'État des frais de scolarité des élèves français inscrits dans les établissements de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger.
Cette mesure, si elle résulte d'un engagement généreux du Président de la République à l'endroit de nos compatriotes établis hors de France, a cependant ses effets pervers dans la mesure notamment où elle s'est le plus souvent accompagnée d'une augmentation des frais d'inscription des élèves étrangers.
Pourtant, et alors que le nombre d'Européens apprenant le français a reculé en dix ans de 15 %, l'AEFE a aujourd'hui un rôle central à jouer dans la promotion du français et plus largement dans le développement de notre diplomatie d'influence. Il est donc nécessaire de mieux accompagner l'Agence dans ce véritable défi que constitue le passage à la gratuité pour les élèves français, afin qu'il ne se traduise pas par une baisse de son attractivité pour les élèves étrangers.
C'est pourquoi je tiens à saluer l'adoption, à l'unanimité, par la commission des affaires étrangères, de l'amendement de notre rapporteur François Rochebloine qui permet, sans remettre en cause le principe de la gratuité, de rendre cette mesure plus équitable et plus juste, tout en confortant les capacités d'intervention de l'AEFE.
C'est dans cet esprit, mes chers collègues, que les députés du Nouveau Centre voteront les crédits de la mission « Action extérieure de l'État ».