Je suis impressionné par la qualité de vos questions, qui concernent toutes des enjeux majeurs pour l'entreprise.
Si, sur le plan international, un certain nombre d'opérations ne sont pas encore engagées, c'est qu'elles sont soumises à l'accord d'autorités administratives, nationales ou européennes. Nous avons pris le contrôle total de British Energy, dont nous céderons 20 % du capital à Centrica, moyennant une rémunération réalisée pour moitié sous forme de cash, l'autre moitié par le contrôle de SPE en Belgique. Cette opération est soumise à la décision des autorités britanniques de la concurrence et des autorités européennes afin de vérifier l'absence de position dominante. Ces opérations sont en cours. Au cours de l'été, nous avons reçu l'autorisation britannique, et nous espérons obtenir dans les prochains jours celle de Bruxelles. Dès que nous en détiendrons la majorité, SPE intégrera le programme global d'optimisation d'EDF.
En revanche, nous ne détenons pas, à ce jour, les autorisations concernant l'accord conclu avec Constellation Energy, car les investissements étrangers aux États-Unis ne nécessitent pas moins d'une vingtaine d'autorisations, délivrées par des organismes tant fédéraux que des Etats, mais nous espérons disposer de la totalité des autorisations avant la fin de l'année. J'ai la conviction que l'énergie nucléaire s'apprête à connaître un nouvel essor. Les dirigeants de pays comme la Grande-Bretagne, la Chine, les États-Unis ou l'Italie en sont désormais conscients : nous ne pourrons répondre aux grands défis énergétiques liés aux problèmes de l'environnement qu'en multipliant les solutions – les économies d'énergie, les énergies renouvelables, et aussi, nécessairement, le nucléaire. Cette conviction se développe partout, en particulier en Grande-Bretagne et en Italie.
Cela dit, la construction d'une centrale nucléaire pose de nombreux problèmes ; nous n'en avons pas construit depuis une vingtaine d'années et les compétences sont à reconstruire. De plus nous avons renforcé les règles de sécurité. Paradoxalement, ces difficultés constituent des atouts pour EDF, reconnue comme le plus grand opérateur du monde en matière de centrales nucléaires. Nos cinquante-huit centrales fonctionnent sans accident et dans d'excellentes conditions de sûreté, et l'entreprise a démontré qu'elle savait construire de nouvelles centrales. Je suis convaincu que l'intérêt de la France est de valoriser le parc existant avant de développer de nouvelles centrales. C'est ce que je fais. Et je pense que, demain, ceux qui développeront le nouveau nucléaire seront les opérateurs qui disposent déjà d'un parc. À ce titre, l'acquisition de British Energy constitue pour nous une extraordinaire opportunité. Le pari de la disponibilité du parc nucléaire de Grande-Bretagne a été gagné, et au-delà de nos prévisions. Grâce aux compétences des personnels de British Energy, nous pourrons développer le nouveau nucléaire en Grande-Bretagne, et les responsables politiques de ce pays nous demandent de construire la première centrale nucléaire anglaise à l'échéance de 2017. Nous espérons faire de même aux États-Unis avec le projet Constellation.
Nous avons lancé un programme de cessions d'actifs – tant national qu'international – dont nous espérons obtenir 5 milliards sur deux ans.
Vous avez omis de préciser que le fournisseur d'électricité paie déjà la taxe carbone. En effet celle-ci peut être fixée par l'autorité publique, ou par le marché lui-même. Or le système européen d'échange de permis d'émission de CO2, appelé ETS, est une taxe. Demain, producteurs d'électricité et industriels seront tenus d'acheter des certificats aux États : ainsi, dès l'année 2013, toute l'électricité produite sera soumise à la taxe sur le CO2. EDF paie donc déjà la taxe carbone ; le problème est qu'elle ne la répercute pas dans ses tarifs.
Concernant les pics de consommation, je comprends vos préoccupations, mais ils ne sont pas uniquement liés à l'usage du chauffage électrique. Lorsqu'ils surviennent, EDF a essentiellement recours à l'énergie hydraulique. Nous allons, dans les mois qui viennent, étudier la meilleure façon de régler ces problèmes. L'intérêt collectif voudrait que les consommateurs réduisent leur consommation lors des heures de pointe. Nous devons instaurer un dialogue et, pourquoi pas, mettre en place des réseaux intelligents.