Je suis moi aussi très heureux de poursuivre le dialogue entamé en juillet dernier. Mon propos introductif sera assez bref puisque j'avais eu l'occasion de détailler alors les structures de coût d'EDF et de traiter longuement des questions tarifaires.
Je reviendrai rapidement sur nos perspectives d'investissement en France, rappellerai les enjeux liés à la réforme qui s'engage en Europe sur l'organisation du marché de l'électricité et évoquerai enfin quelques points d'actualité apparus depuis juillet.
Il est impératif de relancer nos investissements en France : c'est un enjeu industriel majeur pour assurer la sécurité de notre système électrique. Notre parc de production et notre réseau de distribution sont en effet vieillissants. La disponibilité de notre parc nucléaire a chuté depuis quelques années, tout comme celle de nos parcs thermique et hydraulique. Et s'agissant de la distribution, le temps moyen de coupure, qui pendant trente ans n'avait cessé de diminuer, atteignant sa durée la plus courte au début des années 2000, se dégrade depuis lors – même si, avec 80 minutes, il demeure parmi les tout meilleurs du monde, tant en valeur absolue qu'en en valeur relative.
Si EDF a consenti un effort très important d'investissement en France de 1979 à 1989, elle l'avait beaucoup réduit depuis lors, un point bas ayant été atteint en 2003-2004 où l'investissement dans la production était quasi-nul. Depuis 2004, le rythme annuel moyen d'investissement en France est remonté, passant de trois milliards d'euros à plus de sept milliards en 2009 ; l'objectif est de le maintenir durablement au-dessus de six milliards. Les trois quarts de ces investissements concernent la maintenance du parc de production et du réseau de distribution, le quart restant consistant en des investissements de développement – dont la moitié environ pour l'EPR. Cet effort d'investissement sera durable. Il nous faut en effet améliorer la disponibilité du parc existant par des opérations de maintenance lourde et nous préparer à prolonger la durée de vie des installations, afin de pérenniser pour les générations futures l'atout exceptionnel que représente le parc nucléaire français.
Dans le secteur de l'énergie, les défis industriels sont aujourd'hui considérables. Le Gouvernement a engagé une réflexion sur l'évolution du système électrique français dans le cadre européen, dont l'objectif est à la fois de préserver pour les consommateurs le bénéfice du parc électro-nucléaire et d'inciter aux nouveaux investissements. Cette réforme, qui doit être compatible avec la réglementation européenne, vise notamment à mettre en place dès 2010 un système transitoire de régulation permettant à tous les fournisseurs d'électricité en France de s'approvisionner auprès d'EDF aux conditions économiques du parc nucléaire. Une dynamique industrielle doit être impulsée pour que nos concurrents soient incités à se doter de moyens de production. Il faut éviter le piège que serait une situation où ils n'y trouveraient aucun intérêt, ce qui pourrait être le cas s'ils avaient un accès pérenne à une électricité qu'ils paieraient moins cher que le prix de revient de celle provenant d'unités nouvelles.
Le Gouvernement français – je m'en réjouis – a réussi, après de longues discussions avec les autorités européennes, à faire qu'un compromis soit trouvé, reprenant les conclusions du rapport Champsaur. Ma conviction est que ce dispositif transitoire doit être limité dans le temps, que les volumes d'énergie concernés doivent être limités et que l'optimisation du coût de production du kWh liée à la gestion intégrée du parc de production d'EDF doit être préservée. Tout l'enjeu est de permettre le développement de la concurrence tout en préservant durablement la sécurité d'approvisionnement et la compétitivité des prix de l'électricité pour les consommateurs.
Les résultats d'EDF au premier semestre 2009 sont bons, et c'est incontestablement l'international qui les a tirés vers le haut. L'acquisition de British Energy, totalement consolidée depuis le 1er janvier, s'est révélée très positive.