L'ennemi n° 1 du producteur, c'est la course aux prix bas : le prix de vente doit au moins couvrir le prix de revient. Sur ces questions, nous devrions auditionner les centres comptables agricoles. Je rencontre pour ma part de nombreux acteurs dans ma circonscription de Normandie, qui compte notamment l'une des meilleures laiteries de France, les Maîtres laitiers du Cotentin, coopérative qui gagne beaucoup d'argent depuis qu'elle a décidé d'investir dans l'usine la plus moderne d'Europe.
Les centres d'économie rurale indiquent que la proportion de foncier par vache est trop importante et les charges trop élevées. En outre, l'attribution des rares parcelles libres donne lieu à une course aux prix que la SAFER ne parvient pas à réguler. La commission départementale évoquée sera-t-elle une deuxième SAFER et la fracture s'élargira-t-elle entre les agriculteurs et le reste de la population ?
La gestion française du lait est incompréhensible. Certains producteurs qui manifestent produisent 80 000 litres de moins que ce qui leur est autorisé, d'autres protestent parce qu'ils ont dépassé leur quota de 50 000 litres et se voient imposer des amendes très importantes. Comment se fait-il qu'on ne soit pas capable d'équilibrer la production et que l'Europe soit contrainte d'importer du lait ?
Pour ce qui concerne les fruits et légumes, la distorsion est grande entre les pays européens, et les modes de production adoptés en Belgique et en Hollande nous mettent en position de faiblesse. Le problème des produits phytosanitaires doit être résolu, l'interdiction de certains produits efficaces réduisant parfois dans des proportions considérables la production – je pense par exemple au poireau ou au colza.
Enfin, quelle sortie honorable peut-on imaginer pour les agriculteurs – 300 au moins en Basse-Normandie – qui ne voient pas de solution et perdent espoir ?