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Intervention de Jean Gaubert

Réunion du 8 octobre 2009 à 9h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Gaubert :

Il faut le dire plus fortement car cela n'est pas ressenti ainsi dans les campagnes. La contractualisation doit concerner la quantité, le moment, la qualité, bref, les éléments essentiels qui déterminent la valeur du produit qu'on échange.

Par ailleurs, comme on le voit pour le porc, la difficulté est de mettre en place un dispositif fonctionnant à l'échelle du marché. Un système de régulation purement français est voué à l'échec. Le cas de la volaille en est une bonne illustration : chez les acouveurs, la régulation consiste à adapter chaque année la production au marché tel qu'on le connaît, mais cela conduit le plus souvent à réduire la production parce que les producteurs étrangers ont augmenté la leur. Ce type de régulation nous conduirait à abandonner nos positions. Il faut donc porter la question au niveau européen, tout en sachant que certains de nos voisins ont fait le choix d'une agriculture industrielle qui s'accommodera très bien de la baisse des prix.

Permettez-moi tout de même de regretter la simplicité du système antérieur : soutien aux prix et contrôle des quantités. Le soutien aux prix seul nous a conduits aux montagnes de beurre et de poudre de lait du début des années quatre-vingt. Un système de quotas ne peut pas, lui non plus, fonctionner seul. C'est la combinaison des deux qui pouvait être efficace.

En ce qui concerne les dispositions de la LME, je dirai que ce n'est pas parce qu'on dispose d'un observatoire des étoiles que l'on déplace les étoiles ! La question est aujourd'hui de savoir quels moyens on accepte de prendre pour aboutir à de réels changements.

Enfin, chacun doit balayer devant sa porte. Il y a deux ans, lorsque le prix du lait a beaucoup augmenté, la profession n'a pas fait grand-chose pour les éleveurs de veaux. Autre exemple : autant on a dénoncé la spéculation sur les marchés boursiers, autant le monde agricole ne s'est guère interrogé sur l'action des spéculateurs, parfois rémunérés par la profession, sur le marché des céréales au printemps 2008. Les gens qui couraient la campagne acheter des céréales à 250 euros la tonne ont fait plaisir aux céréaliers, mais ils ont coûté très cher aux éleveurs dans les régions comme la mienne ! À l'automne 2008, il a fallu payer leurs bêtises, et personne n'a rien dit. Comme certains spéculateurs sur les marchés boursiers, ils avaient imaginé que les cours continueraient de monter.

Il faudra bien aussi que, chez certains professionnels, on en revienne à une démarche de gestion, en s'interrogeant sur la constitution du prix de revient. Incontestablement, toute la fiscalité agricole est à revoir : apprendre dans une enquête que 30 % des éleveurs laitiers avaient acheté du matériel dans le seul but de s'endetter pour ne pas payer d'impôts laisse quand même rêveur…

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