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Intervention de Pierre Lellouche

Réunion du 22 octobre 2009 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2010 — Interventions des porte-parole des groupes

Pierre Lellouche, secrétaire d'état chargé des affaires européennes :

Voilà pourquoi, brutalement, l'Islande, comme l'Irlande, s'est rapprochée de l'Europe.

En Islande, le problème n'est pas le niveau de la législation sociale ou politique. Ce qui me soucie, c'est que trois banques et trente personnes ont ruiné ce pays à hauteur de treize fois son PIB ! Vous avez notamment parlé de Icesave. Ce qui me soucie, et je l'ai dit à mes interlocuteurs islandais, c'est que, un an plus tard, pas la moindre procédure n'a été engagée contre les auteurs de ces faits. Dès lors que l'on veut adhérer à l'Europe, il me semble indispensable que l'on n'importe pas ce type de pratique. Nous avons des mécanismes de contrôle extrêmement sévères en matière de lutte contre la corruption et la criminalité organisée en Bulgarie et en Roumanie ; je pense que nous devrions faire montre de la même sévérité s'agissant de l'Islande.

Un mot sur le climat. Nous entrons cette semaine dans la phase quasi finale de négociation interne entre Européens, qui doit permettre d'aborder, après le Conseil européen de la fin du mois, l'étape du sommet intermédiaire du mois de novembre et le rendez-vous de Copenhague du 12 décembre. Le Conseil environnement du Luxembourg, qui s'est tenu le 21 octobre, à la suite du Conseil écofin du 20 octobre, a réussi à se mettre d'accord sur toute une série d'objectifs, notamment la réduction des émissions de CO2 de 50 % par rapport à 1990 d'ici à 2050, l'engagement unilatéral d'une réduction de 20 % des émissions d'ici à 2020, l'idée de porter ce chiffre à 30 % à condition que les autres pays industrialisés contribuent à cet effort.

Les choses sont plus difficiles s'agissant de l'équilibre financier interne, notamment de la question des droits à polluer, de la répartition de l'effort financier et du montant de l'aide que l'Union européenne est prête à apporter aux pays émergents, surtout du tiers-monde. Les chefs d'État devront trancher, lors du sommet de la fin du mois, avant de rencontrer les autres pôles internationaux, grands émergents et États-Unis, à la mi-novembre.

Mesdames et messieurs les députés, nous travaillons très dur, conscients de ce que coûte l'Europe à la France mais aussi de ce qu'elle lui rapporte. Ma conviction profonde, c'est que nous sommes aujourd'hui près de tourner une nouvelle page de l'histoire de l'Europe. Après une période de réconciliation de 1945 à 1989, après vingt années consacrées à la réunification de l'Europe, de 1989 à 2009, nous disposerons, d'ici à la fin de l'année, de la boîte à outils, des instruments institutionnels de la nouvelle Europe, avec lesquels nous allons devoir faire face à un tout autre monde. La question est de savoir si l'Europe sera un des acteurs du XXIe siècle ou si elle le subira.

À la fin du mois de juillet, Barack Obama, recevant 150 dignitaires chinois à Washington pour le premier grand séminaire stratégique sino-américain, a eu cette phrase : « La relation sino-américaine est la plus importante du XXIe siècle. » Mme Hillary Clinton a ajouté qu'il n'existait pas de problème au monde que la Chine et les États-Unis, ensemble, ne puissent résoudre. Allons-nous passer, après vingt ans de transition, du condominium soviéto-américain au G 2 sino-américain, ou l'Europe sera-t-elle capable de peser dans les affaires du monde ?

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