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Intervention de Jean Gaubert

Réunion du 7 octobre 2009 à 21h30
Ouverture à la concurrence des jeux d'argent en ligne — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Gaubert :

En écoutant l'orateur, je me disais : c'est quand même beau, la foi.

Je ne reviendrai pas sur divers aspects qui ont été abordés, comme la question de l'urgence. On nous avance aussi que, puisque c'est illégal, il faut faire quelque chose. Cela devient un leitmotiv chez vous. Il y a quelques semaines, on nous disait à propos du travail du dimanche, que, puisque c'est illégal et que des gens ont commencé à le faire, il faut le légaliser. Il en va de même aujourd'hui. Je constate cependant que, pour la loi HADOPI, qui ne concernait pas les mêmes, l'avis a été opposé : il n'y avait rien d'illégal au téléchargement puisque rien n'était codifié, et vous l'avez rendu illégal. Je ne reviens pas sur les relations personnelles de tel ou tel qui ont pu jouer. On a bien compris qu'il s'agissait surtout de satisfaire l'avidité de certains et, au risque de déplaire à monsieur Depierre, ce n'est évidemment pas cela qui va relancer l'activité économique et l'emploi dans notre pays. Ce serait si simple…

Nous le savons tous, le jeu est très dangereux. Il présente un risque d'addiction, un risque pour la famille également dans beaucoup d'endroits, le risque enfin de servir au blanchiment de l'argent sale. Or ce risque était, jusqu'à présent, assez bien contrôlé par la réglementation sur les jeux et sur les casinos. Malheureusement, les dispositions qui vont être mises en place font courir le danger de faciliter le trucage ; cela s'est avéré dans d'autres pays qui ont adopté le même système.

Je veux ensuite souligner la contradiction dans vos propos. On va développer un secteur, dites-vous, et cela ne risque pas de bouleverser des équilibres. Or, si ces jeux sont officialisés, la filière hippique risque de souffrir. En Italie par exemple, elle a perdu 30 % des flux financiers. On ne peut donc pas dire qu'il n'y aura pas de conséquence – à moins que, pour rester au même niveau, on n'encourage à jouer, et c'est sans doute le plus grand risque. Actuellement, ce qui retient certaines personnes de jouer, c'est qu'il leur faut pour cela faire un certain nombre de démarches. Pouvoir le faire simplement et directement de chez soi va les désinhiber. Et qui cela concernera-t-il en premier lieu ? Beaucoup d'entre vous ont dû, comme moi, aller dans les salles de jeu de leur circonscription : on voit bien que ceux qui y viennent ne sont pas les gens qui ont les poches bien garnies, mais plutôt des gens qui rêvent. On va encore transformer le rêve en endettement pour certaines familles.

Mais il est vrai que cette question ne vous touche guère. Dans quelques jours nous examinerons un texte consacré à la réglementation du crédit à la consommation. On nous fera encore valoir pour les mêmes raisons – la crise, le développement économique – qu'il ne faut pas réglementer le crédit, mais laisser des familles continuer à s'endetter davantage, jusqu'à la ruine même, situation que nous connaissons bien.

Sur ce sujet comme sur d'autres, vous nous présentez toujours des projets dits a minima. On met le pied dans la porte ; quelques mois ou quelques années après, on enlève la porte, et c'est l'ouverture à tous les vents. Ce sera encore le cas ici.

Enfin, sans tomber dans la paraphrase, je ne peux m'empêcher de rappeler deux phrases célèbres. La première était « s'ils n'ont plus de pain, qu'ils mangent de la brioche ». L'autre est beaucoup plus récente : « s'ils ne peuvent pas payer le carburant, qu'ils prennent leur vélo ». Il ne faudrait pas qu'on en vienne à dire dans quelques mois « s'ils n'ont plus de pain, qu'ils jouent ». (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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