Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Delphine Batho

Réunion du 15 juillet 2008 à 21h30
Droit d'accueil pour les élèves des écoles maternelles et élémentaires publiques pendant le temps scolaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDelphine Batho :

Cet exemple, monsieur le ministre, montre à lui seul ce que représente pour vous l'intérêt des familles dans ce débat : un simple alibi. Puisque nous sommes dans un débat sur l'éducation, j'en profite pour vous interroger gravement au sujet de la semaine de quatre jours : avez-vous l'intention de donner suite à l'appel de toutes les associations d'élus, qui vous demandent instamment de reporter d'un an l'application de cette réforme ? J'aimerais que vous me répondiez sur ce point.

Vous parlez aussi de l'intérêt des enfants. Mais quelles seront les compétences des personnels qui seront chargés de les encadrer ? Nul ne le sait. La seule précision apportée par l'article 7 bis du projet de loi est que ces personnels ne pourront pas être des délinquants sexuels : nous voilà rassurés !

On voit bien, d'ailleurs, la gêne des rapporteurs des deux commissions, qui tentent tardivement d'inventer un dispositif qui, quels que soient les mérites des amendements proposés, ne remplacera pas un personnel d'enseignement formé et qualifié. Et je ne parle pas des conséquences de votre texte pour les communes, notamment pour les 89 % d'entre elles qui sont équipées d'écoles primaires et comptent moins de 3 000 habitants.

On voit bien l'embarras de la majorité avec les amendements qui fleurissent en dernière minute. (Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Que voulez-vous nous faire croire ? Qu'après être passés en force, par la loi, pour soumettre les élus locaux à vos desiderata, vous souhaiteriez désormais les rassurer ? Au demeurant, les amendements du Gouvernement évoqués tout à l'heure ne régleront ni la responsabilité pénale ni les autres problèmes concrets posés par le texte.

Chacun l'a compris, nous ne sommes pas dans un débat sur l'avenir de l'éducation qui prendrait en compte les besoins des enfants et des familles et la situation des communes. Non, nous sommes réunis pour entériner une nouvelle étape de la croisade idéologique de l'UMP contre l'éducation, contre les enseignants, contre le service public et contre le droit de grève. (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Vous passez votre temps à supprimer des postes, et cherchez un texte idéologique pour le cacher.

Voilà qui est, une fois de plus, révélateur de votre conception du dialogue social : si vous aviez sincèrement à coeur de respecter les enseignants, vous auriez négocié avec les organisations syndicales. Ces négociations auraient pu déboucher sur un mécanisme d'alerte sociale. Voilà ce que serait une conception moderne des relations sociales ! Voilà la modernité, laquelle ne consiste pas à rogner sur le droit de grève !

Au lieu de cela, vous avez préféré la veille ficelle archaïque de l'affichage, avec une limitation du droit de grève, opposant ainsi les parents aux enseignants pour diviser la communauté scolaire. Monsieur le ministre, vous pouvez croire aujourd'hui – et ce sera ma conclusion – (« Ah ! » sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire) que vous marquez un point. Après le vote de ce projet de loi, vous pourrez même, comme le Président de la République, faire rire les salles des conseils nationaux de l'UMP en fanfaronnant : « Désormais, quand il y aura une grève à l'école, personne ne s'en apercevra ». Mais prenez garde. Certains de vos prédécesseurs en ont fait l'amère expérience : l'histoire sociale de notre pays a largement montré qu'à force de tirer sur la corde, elle finit par casser. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche et du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.)

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion