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Intervention de Bernard Bigot

Réunion du 16 juillet 2008 à 10h45
Commission des affaires économiques

Bernard Bigot :

a préconisé un mécanisme de transition car le pétrole ne disparaîtra pas du jour au lendemain.

Si le nucléaire fournit 17 % de l'énergie finale, c'est la consommation d'énergie primaire qui compte. Or 50 % environ de la consommation énergétique primaire de la France est d'origine nucléaire.

La question des déchets a fait l'objet de débats approfondis lors de l'élaboration de la loi de programme relative à la gestion des matières et des déchets radioactifs en 2006. Mais les citoyens ont malheureusement éprouvé très peu d'intérêt pour ces débats. Les déchets peuvent être gérés de façon durable et responsable, sans impact sur la santé ni l'environnement, à des coûts dévalués, il faut l'expliquer. Le processus français suscite d'ailleurs beaucoup d'attention de la part du reste du monde.

Conformément à la loi, les responsables de la SOCATRI ont été auditionnés. Plusieurs écarts se sont succédé : des transferts ont été effectués entre diverses solutions ; une vanne, mal fermée, a débordé ; un chantier n'a pas été pleinement maîtrisé. Les erreurs et manquements sont en cours d'analyse mais il n'existe manifestement aucun risque sanitaire. L'uranium naturel déversé est évalué à 74 kilos, bien loin des milliers de tonnes lessivées dans les mines exploitées en France. Cet incident regrettable mais qui n'a rien de dramatique survient au moment même où la SOCATRI était en train de moderniser ses équipements vieillissants.

Quel que soit le mode de production de l'électricité, en vertu du principe de Carnot, elle requiert une source froide et une source chaude. Le développement de l'énergie électrique ou le remplacement des centrales nucléaires par d'autres modèles entraînera un besoin en réfrigérants. Les techniques ont évolué du refroidissement direct aux aéroréfrigérants, qui permettent de diviser par trente le besoin en eau des centrales. Le refroidissement par l'eau de mer est bien sûr une piste à explorer mais une concentration des sites à la périphérie du pays ne serait pas optimale.

Ce n'est pas l'acceptation qu'il convient de rechercher mais l'adhésion au nucléaire, en comprenant ses avantages et ses risques. Plus de la moitié des Français jugent positif le fait que 50 % de l'électricité consommée dans le pays soit d'origine nucléaire. Le tarif est un enjeu crucial mais le nucléaire impose des contraintes car l'exigence de sûreté est absolue. En contrepartie, le nucléaire offre des bénéfices : la disponibilité de l'énergie et son coût. Un excellent article de M. Marcel Boiteux, ancien président-directeur général d'EDF, explique qu'il est impossible d'avoir le beurre et l'argent du beurre.

Il n'est pas inutile d'explorer d'autres possibilités mais le meilleur développement de transition vers un monde sans produits pétroliers est l'hybride électrique-thermique. La loi devrait encourager fortement les travaux de recherche au sujet des technologies de ce type et leur déploiement industriel.

La France doit investir dans la technologie de la gazéification et du catalyseur Fischer Tropsch. L'Allemagne vient de mettre sur pied la production de 100 000 tep à partir d'une collection de biomasse, selon un rendement masse carbone de 17 %. La France doit parvenir à la maîtrise industrielle de cette technologie en atteignant un taux de 48 % – le CEA poursuit un projet allant dans ce sens. La transformation de la biomasse, pour laquelle la France dispose de gros atouts, sera le meilleur moyen de desserrer l'étau des États pétroliers. Une toute petite partie des 44 milliards d'euros versés aux pays producteurs d'énergie pétrolière et gazière pourrait être réorientée vers le développement de l'énergie biomasse, qui est renouvelable. Les technologies de première génération sont intéressantes dans une logique de collecte mais n'offrent pas une solution durable et avérée.

Les îles d'outre-mer possèdent des atouts spécifiques, notamment le vent et le soleil. Il n'existe pas de solution unique pour l'ensemble de la planète.

L'EPR est parfaitement mature mais le développement de la technologie IV requiert la production simultanée de plutonium. L'Inde sera sans doute le pays qui mettra en fonctionnement le premier réacteur à neutrons rapides, vers 2012, mais elle est bloquée par son retard dans le domaine des réacteurs à eau légère, qui l'empêche d'initier le processus. La France est un cas unique au monde : elle peut déployer un schéma offrant cinquante siècles de sécurité énergétique.

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