Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Guénhaël Huet

Réunion du 16 juillet 2008 à 10h45
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGuénhaël Huet :

a assuré qu'EDF, qui s'inscrit dans la tradition du monopole en matière de gestion tarifaire, prend très au sérieux la question de l'offre mais aussi celle de la demande.

Le parc français émet trois à quatre fois moins de CO2 par kilowattheure produit que ceux de ses principaux concurrents européens. C'est le résultat d'une politique de long terme et d'un mix optimisé jusqu'au dernier degré. Le génie d'EDF est d'avoir su répondre à la demande de sa clientèle tout en modulant sa disponibilité par une planification très serrée des arrêts de fonctionnement. Opérer simultanément l'entretien et le rechargement de quinze réacteurs ou plus constitue une prouesse opérationnelle de tous les jours.

Le parc nucléaire fournit jusqu'à 60 % de la demande en semi-base. Pour compléter et rester flexible en vue de s'adapter aux variations de demande, il faut de l'hydraulique mais aussi un minimum de charbon et de fuel. La force du mix énergétique de la France et d'EDF, c'est sa diversité. C'est dans cette optique qu'il faut appréhender tout développement.

En France, à la fin de l'année, la capacité éolienne nominale atteindra 3 000 mégawatts, avec un coefficient de disponibilité de 25 %, soit un peu moins que la production d'un réacteur nucléaire. Cela reste relativement modeste au regard des résultats obtenus en Allemagne (25 000 MW) ou même en Espagne (15 000 MW). Cette énergie n'est disponible que lorsque le vent souffle et son contrôle par les gestionnaires de réseau est difficile. Des travaux de recherche sont en cours pour obtenir un stockage décentralisé, notamment grâce à l'air comprimé. La nouvelle réglementation ne devra pas oublier un outil de stockage bien connu, particulièrement économe et efficace : le ballon d'eau chaude, qui peut être mis en route sur signal de l'opérateur, la nuit, quand le prix du nucléaire est marginal, et fournit de l'eau chaude le matin.

La politique tarifaire d'EDF a longtemps fait référence dans le monde, avec le signal effacement jour de pointe (EJP). La nouvelle politique commerciale vise à faire de l'utilisateur un acteur économe dans sa consommation et installant des équipements comme la pompe à chaleur ou le photovoltaïque.

Si l'on affecte une base 100 au nucléaire, le charbon et le gaz coûtent entre 130 et 140, l'éolien entre 200 et 250, le photovoltaïque entre 700 et 1 000.

Le coût de développement du nouveau réacteur nucléaire de Flamanville est connu : 3,3 milliards d'euros; les gros contrats d'équipement étant signés, 80 % de ce coût est verrouillé. L'enjeu reste évidemment de tenir les délais, la mise en service industrielle étant prévue pour 2012. Ce chantier est étonnant par sa complexité et sa maîtrise. Les réacteurs suivants seront probablement plus chers. En moins de deux ans, les devis des centrales au charbon et au gaz ont explosé de 30 à 60 % et les délais se sont allongés d'un an. Le secteur du nucléaire étant très capitalistique, il n'y a aucune raison qu'il échappe à cette loi. Quand EDF aura négocié des devis, l'entreprise communiquera sur le coût de la prochaine centrale nucléaire.

Pour des opérateurs industriels se projetant sur une durée de plus d'un siècle, il est essentiel que la gouvernance offre des horizons de très long terme. Or, sur la seule question du coût des émissions de CO2 – sans parler des normes de sécurité –, les règles du jeu qui prévaudront au-delà de 2012 sont inconnues. Une fois des principes fixés, tout retour en arrière est préjudiciable.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion