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Intervention de Olivier Appert

Réunion du 16 juillet 2008 à 10h45
Commission des affaires économiques

Olivier Appert :

a rappelé que l'IFP a pour mission de développer les technologies pour assurer la transition vers un système énergétique moins carboné et plus durable. Les conclusions du Grenelle de l'environnement vont dans le sens de ses orientations. Il est particulièrement positif que le projet de loi mette l'accent sur la recherche.

Il est bien difficile de se faire une idée du mix énergétique optimal de 2050 ; le plus grand pragmatisme s'impose en la matière. Les défis sont tels qu'il faut faire flèche de tout bois. Toute énergie a sa place, à commencer par celle qui est économisée.

Le peak oil – ou plutôt le plafond de la production pétrolière – fait l'objet de débats entre optimistes et pessimistes. En tout cas, la quantité de pétrole – comme celles de gaz et d'uranium – contenue dans l'écorce terrestre est par nature limitée. Les réserves, notion technico-économique, augmentent avec le prix car de nouveaux gisements deviennent exploitables.

La flambée du prix du pétrole n'est pas liée au manque de réserves mais à l'absence d'investissements sur l'ensemble de la chaîne de production, à la situation géopolitique et à l'inélasticité de la demande, les besoins en pétrole étant de plus en plus concentrés sur les transports. La demande diminue peu et continue de croître dans les pays émergents et producteurs mais l'offre tend à diminuer car les pays producteurs constituent des réserves pour les générations futures. Le phénomène est inquiétant. Un prix du baril à 250 ou 300 dollars d'ici trois ou quatre ans n'est pas exclu, avec des conséquences géopolitiques et économiques majeures : des secteurs entiers de l'économie seraient à revisiter et la paupérisation des pays africains s'aggraverait. Il faut se préparer à ce scénario, même s'il n'est pas certain.

Dans ce contexte, le pétrole doit être concentré sur les usages pour lequel il n'existe pas de substitut, à commencer par les transports : les produits pétroliers représentent 97 % de l'approvisionnement en énergie de ce secteur. Il est absolument indispensable de réserver le pétrole pour cet usage tout en diversifiant les approvisionnements du secteur et en réduisant sa consommation, à travers des technologies nouvelles.

Si les limites des réserves de pétrole et de gaz peuvent être repoussées, cela permettra de gagner du temps pour assurer la transition énergétique, le secteur se caractérisant par une très grande inertie.

Les technologies du CSC, utilisées dans l'industrie pétrolière, ne peuvent encore être déployées massivement car elles se heurtent à deux obstacles importants : pour être compatibles avec le marché des émissions, les coûts devront être divisés par deux ou trois, soit 30 à 40 euros la tonne ; l'acceptabilité du transport et du stockage par les populations locales devra être garantie. Compte tenu du coût du transport, il est préférable de trouver des sites de stockage à proximité des installations de captage, même si la construction de réseaux d'acheminement de CO2 est envisageable. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a estimé que le CSC pouvait générer de l'ordre de 20 % des réductions d'émissions de gaz à effet de serre à l'échéance de 2050, le nucléaire y contribuant pour 6 à 8 %, la maîtrise de la consommation pour 20 à 25 % et les énergies renouvelables pour 20 à 25 %.

La consommation de charbon, ces dernières années, a considérablement augmenté. Cette matière première apparaît comme une alternative présentant l'avantage de ne pas poser de problème géopolitique. Il y a actuellement des réserves pour 150 ans, largement distribuées de par le monde. Il pose toutefois un problème majeur en matière d'émissions de gaz à effet de serre.

Le développement de la production d'hydrogène est important parce que la demande croît considérablement dans l'industrie du raffinage, pour désulfurer les carburants et ainsi respecter les normes de pollution locales. L'enjeu consiste à produire de l'hydrogène sans émettre de gaz à effet de serre. En outre, il ne faut pas sous-estimer le risque d'explosion : 8 grammes d'hydrogène ont suffi pour détruire un Algeco de l'IFP.

Le COMOP « Recherche », présidé par Mme Marion Guillou, présidente de l'INRA, s'apprêtant à remettre son rapport au ministre, il est délicat d'en parler en détail. Plutôt que se disperser, il a mis l'accent sur des technologies clés : le solaire photovoltaïque, le CSC, les biocarburants de deuxième génération, le stockage de l'énergie et les transports. Les nouvelles thématiques de recherche suggérées par le Grenelle de l'environnement ne devront pas être financées par des redéploiements à partir de recherches existantes.

Il faudrait assurer la continuité de la gouvernance. Si la politique énergétique des années soixante-dix – maîtrise de l'énergie et production nucléaire – a été si concluante, c'est parce qu'elle a été menée avec une constance remarquable. Le stop and go n'est pas recommandé. Les biocarburants, par exemple, ne méritent ni excès d'honneur ni excès indignité. Ceux de deuxième et troisième générations représentent l'avenir, mais un avenir lointain. Ceux de première génération constituent le premier substitut en quantité significative pour l'approvisionnement en carburant du secteur des transports – 5 à 10 % de l'ensemble –, avec un bilan énergétique et environnemental positif.

L'analyse du cycle de vie, du puits à la pompe, est effectivement une discipline cruciale.

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