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Intervention de René Carron

Réunion du 20 janvier 2009 à 20h00
Commission des affaires économiques

René Carron, président du Crédit Agricole SA :

Qu'il me soit d'abord permis de me réjouir de l'écoute réservée à nos propos. Cela nous fait particulièrement du bien !

Pour sa part, le Crédit agricole gère 38 % des encours des PME et un peu plus de 45 % de ceux des TPE. Mais tous, nous avons le devoir d'accompagner individuellement les entreprises. D'ailleurs, chaque fois que nous le faisons, nous trouvons les solutions leur permettant de passer le mauvais cap – ce n'est pas M. Tardy qui me démentira avec ce que nous faisons dans la vallée de l'Arve. Ainsi, elles ne seront pas défaillantes le jour où la croissance reviendra, alors que si tel était le cas, les donneurs d'ordre s'adresseraient ailleurs que chez nous.

Concernant les responsabilités soulignées par Mme Fioraso, nous n'avons jamais dissimulé les nôtres. Pour autant, chacun doit s'interroger sur les vraies raisons de la crise, car si l'on se trompe d'analyse ce ne seront ni les bonnes questions qui seront posées, ni les bonnes réponses qui seront apportées.

La communauté financière sera jugée sévèrement par l'histoire. Elle n'a cependant été que l'amplificatrice de comportements et d'évolutions beaucoup plus générales. Tous les secteurs sont en effet concernés. Pour autant, il nous faudra réfléchir aux moyens d'éviter le diktat des savoirs parcellisés sur la responsabilité qui découle de la légitimité.

N'oublions jamais que la banque prête l'argent qui y a été déposé et que sa première responsabilité est de rendre cet argent agrémenté du taux contracté au départ. Il n'est donc pas question de faire dans notre secteur ce que les Américains ont fait avec les subprimes. À cet égard, nous ne pouvons accepter qu'un même jugement soit porté sur l'ensemble de la communauté financière mondiale. Si la responsabilité de toute la sphère financière américaine est en la matière majeure et historique, la nôtre n'est pas du même niveau. Or, en surévaluant notre responsabilité et en sous-évaluant celle des États-Unis, on finit par mettre dans le même ensemble des responsabilités qui, dans l'esprit de tous, ne peuvent que reproduire mécaniquement les mêmes effets. Les responsabilités sont différentes. Il faut en prendre acte.

La banque n'a pas non plus la capacité à suppléer un marché défaillant. Elle ne peut rendre à elle seule la confiance, mais tous nous pourrons y parvenir.

Personne ne peut contester, s'il est fait preuve d'honnêteté et du moins de lucidité, que le système bancaire français non seulement a mieux résisté que les autres, mais qu'il constitue également un atout pour notre pays. Aussi, c'est en rassemblant nos forces et nos compétences plutôt qu'en nous affrontant, que nous trouverons le chemin du succès, sans oublier que le système social français qui a été tant décrié a sans doute été aussi un amortisseur de crise.

Nous devons tous agir pour rétablir la confiance en soulignant tout ce qui est positif chez nous. Ne nous évertuons pas à vouloir couper des têtes. La communauté internationale attend l'Europe, en particulier la France et son savoir-faire. Il serait stupide de contester nos compétences pour servir je ne sais quel intérêt contraire à l'intérêt général.

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