Je résumerai ma question en une formule elliptique : où peut-on acheter du sang-froid ? Jusqu'à l'intervention de M. Ricol, les banques ne jouaient-elles pas tout à l'heure le rôle du bouc émissaire ?
Ce qui importe surtout, c'est de savoir comment faire face à la situation actuelle, où la question n'est plus seulement celle de la trésorerie, mais plutôt celle de la mesure du risque. Elle est de savoir qui est capable d'assumer le risque d'une crise qui peut se traduire par des carnets de commandes durablement vides et par l'impossibilité d'utiliser les mêmes critères d'analyse que par le passé afin de savoir si une entreprise est positionnée sur le bon marché et fait les bons investissements.
Le problème n'est pas vraiment de trouver des crédits-relais. Pour ma part, en effet, je ne recours pas à la médiation, mais j'appelle directement les banquiers, avec l'accord des chefs d'entreprise concernés, et les choses se passent généralement bien. Certes, certaines entreprises qui étaient déjà en difficulté ont profité de la crise. Pour autant, les collaborateurs des banques ne cessent de nous dire que l'argent de l'État prêté aux banques est un peu cher – et, de fait, malgré la satisfaction affichée par le Président de la République, qui y voit une rentrée de recettes, ce coût renchérira le crédit.
Dans l'économie réelle, la question qui nous préoccupe est d'abord de savoir si un organisme comme Oséo s'acquitte bien de sa tâche. Je pourrais en effet donner nombre d'exemples de réponses dilatoires.
Pour ce qui est des assurances, nous aurions pu avoir le même débat voilà un an, mais la situation des marchés était différente. Aujourd'hui, ne refaisons pas ce procès, mais tâchons plutôt de savoir comment regarder demain sous un autre jour, avec des acteurs présents sur les marchés avec de la bonne volonté et du potentiel – à condition que l'économie ne tombe pas en panne. À cet égard, les banquiers ne sont certainement pas les seuls sur qui on puisse compter.
En demandant où pouvait s'achèter le sang-froid, ma question était de savoir comment relancer la confiance, la consommation et l'économie. Au-delà de l'action des banques, il faudra bien que les carnets de commandes se remplissent et que l'investissement ait quelques perspectives, faute de quoi personne ne prêtera à personne.