Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Frédéric Oudéa

Réunion du 20 janvier 2009 à 20h00
Commission des affaires économiques

Frédéric Oudéa, directeur général de la Société générale :

Il serait intéressant que M. Ricol illustre par des cas précis la diversité des situations.

Je commenterai tout d'abord la situation du marché bancaire français en soulignant que nous sommes aujourd'hui dans un monde nouveau, auquel chacun doit s'ajuster. J'indiquerai ensuite ce qu'est un réseau bancaire.

En octobre, le risque était grand de voir le système bancaire mondial s'arrêter faute de liquidités. Les gouvernements ont mis en place divers systèmes qui nous ont fourni, sinon assez de ressources pour prêter, du moins assez de confort pour continuer à le faire en mixant l'ensemble de nos ressources. De ce point de vue, on peut dire que le système fonctionne, car l'approvisionnement de crédit n'a pas connu de rupture. Les chiffres de la Société générale en la matière sont comparables à ceux que vient de citer M. Pflimlin et M. Pauget observait à juste titre que, par comparaison avec les autres pays, la fluidité du système bancaire français est restée excellente. Au niveau macroéconomique, la France ne connaît pas les risques de dislocation auxquels sont confrontés la Grande-Bretagne et, peut-être, les États-Unis.

J'en viens au taux de marge. Je rappelle au préalable qu'une banque a pour vocation de recueillir des ressources et de les prêter. Elle ne peut financer en même temps de la ressource à un jour ou trois mois et à quinze ans, sous peine de recréer le mécanisme de la gigantesque faillite de Northern Rock. Une banque doit veiller à maintenir un bon équilibre entre la durée et le coût de ses ressources et la durée et le coût de ses prêts. En France et dans l'ensemble des pays développés, du fait de la croissance de l'économie et de l'insuffisance des dépôts, les banques, pour accroître les prêts, doivent emprunter.

Au-delà du problème du taux d'intérêt de la banque centrale à un jour ou à trois mois, nous devons aligner, face aux prêts à cinq ans ou à quinze ans que nous accordons, des ressources à long terme sur lesquelles pèsent un taux d'intérêt et un spread, qui est le coût que représente pour nous l'emprunt de cette liquidité. Ce coût, qui était de quelques points de base – de 0,05 % à 0,01 % –, est désormais proche de 200 points de base, soit de l'ordre de 2 %. Ainsi, le coût de notre ressource est structurellement plus élevé et nous sommes contraints de le répercuter. Cela ne changera pas – soyons lucides et honnêtes. Après plusieurs années où la liquidité était très abondante et pas chère, elle est désormais beaucoup plus rare et sera plus chère. Les banques françaises ont cependant la chance de pouvoir encore aller la chercher, ce qui n'est plus le cas pour nombre de banques en Europe. Si donc tout n'est donc pas parfait, les chiffres montrent au moins qu'à l'échelle macroéconomique, le système fonctionne.

Par ailleurs, le réseau de la Société générale, qui emploie 22 000 personnes – notre groupe possède également le réseau du Crédit du Nord –, compte 30 % de collaborateurs âgés de moins de trente ans, à la suite de nombreux départs à la retraite. On trouve donc dans les agences du réseau des conseillers professionnels âgés de vingt-huit ans, de « charmantes » jeunes femmes qui peuvent parfois manquer d'expérience, et des collaborateurs qui sortent de l'école. Tous sont confrontés, on l'a dit, à une crise très grave, et des erreurs sont possibles. Comme l'a rappelé M. Pauget, un système parfait est impossible, et c'est donc dans les cas où la décision n'a pas été optimale que se manifeste tout l'intérêt du médiateur.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion