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Intervention de étienne Pflimlin

Réunion du 20 janvier 2009 à 20h00
Commission des affaires économiques

étienne Pflimlin, président du Crédit mutuel - CIC :

Le Crédit mutuel compte 850 000 entreprises clientes et, au 30 novembre 2008, un encours de 112 milliards d'euros, en augmentation de 14 %, soit de 16 milliards d'euros, compte non tenu des remboursements. Les ressources reçues par l'intermédiaire du mécanisme de refinancement sont de l'ordre de 2 milliards d'euros, soit un peu moins de deux jours de ce que notre groupe emprunte quotidiennement sur les marchés, et 1,2 milliard d'euros pour les fonds propres, soit 3 ou 4 milliards d'euros. Face aux 16 milliards d'augmentation des encours, le coefficient de fléchage que vous souhaitez vérifier est donc tout à fait réalisé.

Les 14 % d'augmentation enregistrés au 30 novembre 2008 sur les douze mois précédents se décomposent, pour ce qui concerne les entreprises, de la façon suivante : 8 % d'augmentation pour les TPE et PME et 19 % pour les grandes entreprises et, en types d'interventions, 20 % d'augmentation en termes d'investissement et 11 % en termes de trésorerie.

Nous constatons une addition de difficultés, liées à la très forte augmentation du coût de nos ressources, avec des TSS fonds propres – titres super subordonnés – qui nous coûtent 8,5 %. En outre, le paradoxe veut que, sur les marchés, le spread, c'est-à-dire la marge exigée, augmente, tandis que les taux des marchés apparents, et notamment des banques centrales, baissent : pour la Banque fédérative du Crédit mutuel, qui refinance le groupe, cette marge est aujourd'hui de 200 points de base, contre moins de 50 points de base voilà dix-huit mois. Ainsi, lorsque les ressources augmentent, la capacité à prêter au plus juste, avec le souci de développer nos relations avec les entreprises, est limitée.

Nous constatons également une chute de la demande. Il existe certes des cas particuliers, et le mécanisme de la médiation fonctionne bien – pour notre groupe, 200 dossiers environ sont concernés, soit 0,5 ‰, avec un taux de satisfaction de l'ordre de 50 %, et nous en déduisons que ces dossiers sont bien présentés. Cependant, compte tenu des perspectives économiques, certains investisseurs renoncent au dernier moment à leur projet d'investissement, alors même que leur dossier est intégralement financé.

En tant que banques, nous pouvons et voulons aider les entreprises, et cela plus encore peut-être dans un contexte de concurrence exacerbée et de croissance ralentie que dans les périodes de prospérité – mais c'est là une condition nécessaire et non pas suffisante.

Il convient aussi de veiller à ce que les mesures de régulation qui interviendront, par exemple après le G20, ne créent pas pour les banques d'exigences trop lourdes en matière de fonds propres, car cela diminuerait d'autant leur capacité à prêter. Il faut éviter que la cuirasse soit si épaisse qu'elle empêche le guerrier de se battre, tel un chevalier du Moyen-âge tombé de cheval.

Enfin, le facteur psychologique est fondamental. Nous concevons nos relations avec les entreprises, les personnes qui les représentent et, bien entendu, le médiateur, comme des relations partenariales et non pas antagonistes. Or Saint-Sébastien, dont c'est aujourd'hui la fête, est sans doute le patron des banquiers, tant il est criblé de flèches ! Attaquer les banquiers est en effet devenu très populaire. Je m'y suis pour ma part résigné, mais la confiance des clients pâtit de ces attaques. Si populaires soient-elles – pour ne pas dire démagogiques –, ces dernières sont contre-productives s'agissant des relations qui se nouent sur le terrain et elles sont ressenties comme profondément injustes par les personnes qui, dans les réseaux, s'efforcent tous les jours de régler les problèmes.

Il vous faut donc veiller à la fois à exercer un contrôle stimulant pour vous assurer que les engagements sont tenus – à cet égard, il reste de la marge, en particulier dans une économie dont l'encéphalogramme est quasiment plat –, et à ne pas démoraliser les salariés des banques, qui n'ont pas démérité. Ce ne sont pas eux qui ont perdu de l'argent à l'échelle mondiale. Il faut nouer des relations de partenariat. Je me réjouis que M. Ricol ne manque jamais une occasion de le rappeler.

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