Le problème de la drogue se situe principalement au sud du pays. Les États-Unis axent l'essentiel de leur effort dans cette zone. Cela inquiète autant les militaires britanniques que les français. Je rappelle que les États-Unis auront bientôt sur place 60 000 hommes (au lieu de 30 000), contre 30 000 pour les autres pays. Les militaires français représenteront seulement 6 % de la force américaine : il est difficile dans ces conditions de peser dans les discussions que nous avons avec les États-Unis. Nous réfléchissons en tout cas à un changement de modèle économique, fondé sur d'autres productions, telles que la pomme, la grenade, le safran, les amandes ou le miel.
En réponse à Franck Gilard sur la possibilité d'une coopération des deux côtés de la montagne, je précise qu'une coordination tripartite existe déjà à Washington et sur le terrain. Le général américain commandant la région est de l'Afghanistan se réunit avec des généraux afghans et pakistanais pour évoquer les questions liées au renseignement et aux opérations. Mais les relations entre les Afghans et les Pakistanais sont mauvaises et ils s'attribuent mutuellement l'origine de leurs difficultés. Au sujet de la vallée de Swat, nous avons connu une phase de déni, mi-avril, de l'accord passé, considéré comme technique et local. Puis, après l'appel à l'application de la charia au Pakistan par le chef taliban Sufi Mohammad, le gouvernement pakistanais, sous les pressions internationales, a engagé ses forces. Mais il l'a fait dans des conditions terribles, en envoyant des F16 et l'artillerie, qui ont entraîné d'énormes dommages. En fait, le général Kayani, chef d'état-major de l'armée de terre pakistanaise, est l'un des hommes forts du pays. Il a officiellement déclaré qu'à présent les services secrets pakistanais n'aidaient plus les talibans.