Nous avons, la semaine dernière, avec Bernard Kouchner, souhaité rencontré les femmes afghanes. Toutes les aides extérieures qui pourront leur être apportées seront les bienvenues : le problème ne pourra être résolu seulement de l'intérieur. Leur participation à un forum international de femmes pendant la campagne électorale pourrait être utile. Je tiens à souligner le courage de ces femmes : j'en ai rencontré qui ont été récemment caillassées en pleine rue à Kaboul pendant une manifestation…
Nous allons porter notre effort sur le lycée Malalaï, qui est le lycée de filles de Kaboul. Mais nous avons besoin de véritables professeurs et proviseurs, prêts à rester sur place pendant deux ou trois ans. Cela est plus utile que des missions ponctuelles. Xavier Darcos est d'accord pour mobiliser des personnels : encore faut-il trouver des volontaires adaptés à ces missions. Pour l'instant, nous avons seulement quelques jeunes volontaires.
En réponse à Yves Fromion, dont je partage l'avis, je précise que nos militaires sur place font déjà un travail remarquable, avec peu d'argent. Nous allons renforcer les aides. J'ai récemment vu sur notre base de Nijrab des gens faire la queue avec un ticket pour se faire soigner, ce qui montre que nos militaires sont acceptés dans cette zone.
S'agissant des questions soulevées par Jean-Claude Viollet, je n'ai pas de solution de court terme au problème de la corruption : je rappelle que le propre frère du Président Karzaï a été accusé de se livrer à des trafics. L'absence d'entreprise française en Afghanistan constitue un vrai problème : il faut savoir que nos bases sur place sont alimentées par de la nourriture turque et que beaucoup d'entreprises de l'OTAN sont turques elles aussi. D'ailleurs, lorsque Bernard Kouchner a réuni les Français de Kaboul, il n'y avait que des représentants des ONG et des organisations internationales. On constate parallèlement que l'Union européenne dispose de deux ambassades à Kaboul, qui ne tiennent d'ailleurs pas le même discours… Nous devons donc réorganiser notre appareil diplomatique d'accompagnement économique sur place. J'ai demandé à Christine Lagarde que nous puissions disposer d'un attaché commercial et d'un attaché de l'AFD. Le président du groupe La Poste, Jean-Claude Bailly, s'est dit prêt à envoyer deux ou trois experts, mais il ne peut malheureusement fournir le financement correspondant.
Nous sommes confrontés à une véritable urgence en matière de sécurité alimentaire : nous faisons le maximum pour que les semences et les engrais soient livrés sur place avant la fin de l'été.