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Intervention de Pierre-Franck Chevet

Réunion du 31 mars 2009 à 16h15
Commission des affaires économiques

Pierre-Franck Chevet :

La séparation patrimoniale, je le confirme, n'est pas à l'ordre du jour. Compte tenu de sa stratégie internationale, EDF doit pouvoir maintenir sa notation financière et faire preuve d'une certaine souplesse, laquelle implique un accès au crédit – les besoins s'élèvent à 5 milliards environ. J'ajoute que 25 % des 13,5 milliards qu'a coûtés l'entreprise britannique d'électricité doivent être revendus. L'essentiel est de bénéficier d'une bonne régulation publique de l'électricité en réalisant les investissements idoines. Par ailleurs, comme l'a dit M. Bezard, une entreprise qui exploite depuis trente ans 58 réacteurs nucléaires bénéficie d'une expertise hors pair. La politique suivie me paraît en l'occurrence de fort bon aloi car conforme à ce qu'exige la situation internationale.

Si le rapprochement de Siemens avec ROSATOM se poursuit, des discussions ne manqueront pas d'avoir lieu puisque le pacte d'actionnaires, comme l'a dit M. Bezard, comprend une clause de non-concurrence. En revanche, les enjeux techniques ou technologiques de cette crise sont nuls.

L'arbitrage, en effet, n'est pas toujours facile entre rentabilité et fixation des tarifs mais notre travail consiste précisément à donner au Gouvernement les éléments qui lui permettront de décider en toute connaissance de cause. Certaines entreprises, à ce propos, ne sont sans doute pas toujours fondées à mettre en avant un manque à gagner.

S'agissant de la confidentialité, la direction générale de l'énergie et du climat a séparé très distinctement les sous-directions chargées, d'une part, de la préparation des conseils d'administration et, d'autre part, de la régulation. Lorsque les informations me parviennent, je fais bien entendu mon possible pour éviter la confusion des genres. Lorsqu'il s'agit d'entreprises en concurrence potentielle, nous nous partageons les rôles : je siège au conseil d'administration de GDF-Suez et c'est le directeur de l'énergie qui siège à celui d'EDF ; il en va de même pour les questions liées à l'arbitrage.

En ce qui concerne les 22 milliards évoqués par M. Brottes, des vérifications s'imposent en effet, mais nous n'avons pas raisonné sur cette base.

S'agissant de la crise gazière, ce sont bien les États qui ont joué un rôle essentiel, mais je tiens à répéter que l'action des entreprises a également été fondamentale, ne serait-ce que sur un plan technique et commercial.

Oui, il existe bel et bien une spécificité gestionnaire française ! Avec EDF, GDF-Suez – sur le plan européen il est vrai – ou Total, nous disposons de grands champions dans le domaine énergétique, et tous les pays ne peuvent en dire autant. En outre, nous avons une véritable politique de l'énergie depuis longtemps, tant en ce qui concerne les équipements que l'approvisionnement ou l'accès de tiers au stockage. Le consortium Exceltium, qui permet contractuellement à plusieurs entreprises d'acheter ensemble de l'électricité sur le long terme, joue en la matière un rôle majeur.

S'agissant de l'impact de la crise, il est très difficile de faire des pronostics – que l'on songe à la seule évolution, en un an, du prix des matières premières. Sans doute connaîtrons-nous encore des oscillations aussi spectaculaires même si, sur le long terme, il faut s'attendre globalement à des hausses. Si l'accès au crédit est aujourd'hui délicat, je gage que les investissements – notamment dans le secteur de l'éolien – seront plus faciles d'ici quatre à cinq ans.

En ce qui concerne l'aval du secteur – démantèlement des centrales, gestion des déchets etc. – nous disposons d'une loi exemplaire. Certes, les entreprises connaissent en ce moment des difficultés et peuvent difficilement mettre de l'argent de côté, mais le dispositif que nous avons n'en demeure pas moins remarquable à moyen terme et, a fortiori dans ce domaine, sur le très long terme. Les entreprises sont d'ailleurs sur la bonne voie car sur les 15 milliards de provision pour le démantèlement prévus par EDF, 8 milliards ont d'ores et déjà été réunis et AREVA a réalisé plus de 90 % de ses objectifs.

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