Je me félicite, monsieur le rapporteur, de votre changement de position quant à la date d'entrée en vigueur de la loi, alors qu'en décembre vous vous opposiez vigoureusement à tout report.
Quant à l'unanimité prétendue des doyens d'université en faveur de votre réforme, elle est pour le moins relative : la réforme ne semble pas avoir été si favorablement accueillie à Lyon et à Toulouse, et la conférence des doyens présidée par M. Thuillez ne serait pas passée au vote, apparemment parce qu'une majorité défavorable risquait de se dégager.
Nous nous félicitons de la volonté du Sénat de laisser aux universités une plus grande latitude dans la mise en place de la réforme.
Nous déplorons que ce texte, que vous avez mis sept ans à nous proposer, ne tienne pas compte de toutes les propositions de M. Debouzie, notamment celles relatives aux infirmières et aux kinésithérapeutes. Vous ne nous proposez qu'un bout de réforme, au risque de déplacer vers d'autres filières le gâchis que la réforme est censée combattre.
Puisque la révision constitutionnelle permet au Parlement d'effectuer des études d'impact des lois qu'il a votées, pourquoi ne pas évaluer d'abord le regroupement en PCEM 1 des études de médecine, d'odontologie et de sage-femme avant d'y ajouter les pharmaciens ? Cette intégration des étudiants en pharmacie est d'autant plus surprenante que les pharmaciens ne sont pas en contact direct avec le patient, que le conseil pharmaceutique n'est pas un diagnostic clinique, et que leurs conditions d'étude sont moins mauvaises que celles des médecins.
On peut craindre aujourd'hui que cette réforme crée un appel d'air et qu'on se retrouve en 2010 avec 65 000 étudiants inscrits dans la filière, au lieu des 55 000 actuels. Des propositions du rapport Bach, qui semble avoir été votre principal inspirateur, vous n'avez retenu que celles qui allaient dans votre sens, et non celles relatives à l'organisation d'un tutorat ou à l'information des lycéens. À terme, la réforme risque d'aggraver la sélection académique d'une sélection sociale, en favorisant le développement d'officines privées d'enseignement. En effet, les étudiants réorientés dès la fin du premier semestre vers des filières scientifiques risquent de mettre à profit cette « année blanche » pour « bachoter » leur examen de première année dans des cours privés.
Pour toutes ces raisons, nous ne voterons pas cette proposition de loi.