Les personnes âgées, notamment dépendantes, ont besoin le plus souvent d'une prise en charge de type médico-social. Or, ce qui caractérise notre pays, c'est la segmentation de la prise en charge. Aux infirmières et infirmiers la prise en charge des soins. Aux services de soins à domicile la prise en charge de type social. Comme tout ce beau monde a du mal à discuter, on met en place des centres locaux d'information et de coordination pour assurer la coordination et permettre le dialogue entre les différents professionnels.
Je cite souvent l'exemple de l'Allemagne, où des infirmières peuvent organiser des prises en charge de type médico-social à domicile, avec des accueils de jour très diversifiés, en embauchant d'autres infirmières, des aides soignantes et des auxiliaires de vie. Ce n'est pas possible en France.
Je cite souvent le cas d'un couple d'infirmiers de ma circonscription. Parce qu'ils veulent assurer aux patients dont ils ont la charge sanitaire une prise en charge globale qui évite la multiplication des intervenants à domicile, ils ont été obligés de créer une entreprise de services de soins à domicile pour offrir les services qu'ils ne peuvent pas assurer eux-mêmes.
Par cet amendement, je veux seulement poser le problème. Je suggère que l'on permette aux infirmiers d'embaucher d'autres infirmiers, des aides-soignantes, des auxiliaires de vie ou toute personne pouvant concourir à une prise en charge globale de la personne, une prise en charge médico-sociale à domicile, plutôt que de multiplier les intervenants à domicile, ce qui nécessite naturellement la mise en place de coordinations que nous payons sur des deniers publics. Il faut faire cesser la segmentation. Tout cela faciliterait la prise en charge des personnes, notamment dans les territoires où il est difficile d'assurer la présence de l'ensemble de ces services, et particulièrement en milieu rural.
Je sais que j'ouvre un débat mais je crois que c'est le moment. En France, nous avons des attitudes très conservatrices, les interventions sont très segmentées, ce qui oblige souvent la puissance publique à imaginer des dispositifs de coordination parce que l'ensemble des acteurs ont du mal à dialoguer.
Je veux donc poser le problème à l'occasion de l'examen de ce texte. Je sais que la profession infirmière est partagée sur cette idée, mais il faut à un moment donné aborder la question. Il y va de la qualité de la prise en charge, qui doit être globale. Arrêtons de dire que le malade ou la personne âgée dépendante est au coeur de nos préoccupations. On les livre à une multitude d'acteurs qui ont du mal à dialoguer.