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Intervention de Henri Emmanuelli

Réunion du 8 janvier 2009 à 9h30
Projet de loi de finances rectificative pour 2009 — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHenri Emmanuelli :

Nous arrivons au terme d'un débat très utile parce qu'il aura permis de prouver que certains arguments invoqués par le Gouvernement pour contrer l'opposition étaient tout à fait injustifiés. Après les interventions de Didier Migaud, Michel Sapin et Jérôme Cahuzac, les arguments que leur ont opposés M. Chatel, mardi, M. Woerth, hier, M. Devedjian et, parfois, M. Carrez, s'avèrent infondés. Mme Lagarde ne s'est, quant à elle, pas exprimée.

Vous avez dit que l'opposition vous reprochait de soutenir l'investissement. Chacun a pu constater que c'était faux. Nous ne vous reprochons pas de soutenir l'investissement, mais de ne pas le soutenir suffisamment.

Vous avez ensuite ajouté que l'opposition – et les socialistes en particulier – opposait soutien à l'investissement et soutien à la demande. Chacun a pu constater que c'était également faux. Nous vous reprochons de ne pas vous préoccuper du pouvoir d'achat, de la demande, donc de l'évolution de la consommation. Je vous rappelle que la consommation a progressé de 2,5 points en 2007 et d'un point seulement entre novembre 2007 et novembre 2008, et que tout laisse à penser qu'elle sera nulle, voire négative, en 2009. Vous devriez vous en préoccuper ! Comme l'a fort justement précisé M. Sapin dans son exposé, nous ne courons pas cette fois les risques auxquels nous avons dû faire face à certaines époques, lorsque nous étions les seuls à relancer notre économie. Dès lors que la relance est portée par l'ensemble des pays européens, les problèmes que vous évoquiez, monsieur Devedjian, n'ont plus de sens. Nous ne sommes plus du tout dans le même contexte qu'en 1982 ou 1983 !

Contrairement à ce que vous avez affirmé, monsieur Woerth, nous ne vous reprochons pas l'évolution des finances publiques ! Vous n'avez entendu aucun orateur de l'opposition vous expliquer que le drame de la saison résidait dans l'évolution des finances publiques !

J'ai, en revanche, été très surpris de vous entendre, hier soir, nous expliquer que les divers déficits étaient devenus des politiques anticycliques. Monsieur Woerth, je veux bien que vous fassiez des découvertes tardives ! Vous nous avez certes expliqué que l'injection de fonds publics était justifiée par le déficit des régimes sociaux et du budget de l'État, mais ce sont des déficits subis ! Même si je conviens qu'il vaut mieux agir que ne rien faire, rien n'indique que votre action améliorera le pouvoir d'achat et l'investissement. J'avoue tout de même que votre conversion récente à la thèse du déficit public anticyclique, tout comme d'ailleurs votre admiration subite pour les stabilisateurs sociaux, m'a fait grand plaisir. Je vous ai ainsi entendu dire que les prélèvements obligatoires avaient au moins une vertu en période de crise ! Voisin de l'Espagne, pays où les stabilisateurs sociaux sont faibles, je peux constater aujourd'hui la différence qui existe entre ce pays et le nôtre.

Parmi les députés présents aujourd'hui dans cet hémicycle, certains savent parfaitement que ce débat dure depuis vingt ou trente ans. On finit donc par progresser sur certains points !

Telles sont, monsieur Woerth, nos positions, qui ont été caricaturées ces derniers jours. Pour me résumer, vous ne favorisez pas suffisamment l'investissement et vous devrez agir au niveau de la consommation et de la demande. Nous sommes, en conséquence, persuadés qu'il ne se passera pas deux mois avant que nous ne discutions dans cet hémicycle d'un nouveau plan de relance. Je ne vous en fais pas le reproche a priori, mais peut-être auriez-vous dû prendre davantage le temps de la réflexion plutôt que d'opter pour la multiplication des collectifs, qui a pour conséquence de changer les chiffres de quinze jours en quinze jours ! Je ne sais s'il s'agit d'adaptation à une réalité très évolutive, ou d'une méthode de communication consistant à fractionner les annonces pour en limiter l'impact, mais peu importe, ce n'est pas l'essentiel.

Vous trouverez les socialistes à vos côtés s'il s'agit de consentir un effort sérieux en faveur de l'investissement – les modalités en ont été exprimées à plusieurs reprises par plusieurs orateurs – et vous les trouverez également à vos côtés pour vous faire des propositions sur l'amélioration de la demande, car, je le répète, vous n'échapperez pas à ce problème ! Ce n'est pas en nous mettant sous le nez l'évolution normale et classique des crédits, monsieur Woerth, que vous nous ferez croire qu'il s'agit de mesures spécifiques pour faire face à la crise ! M. Migaud vous a fait, de ce point de vue, une démonstration éclatante, et le silence dans lequel ont été écoutés ses propos a prouvé qu'il tombait juste.

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