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Intervention de François Brottes

Réunion du 8 janvier 2009 à 9h30
Projet de loi de finances rectificative pour 2009 — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Brottes :

Nous sommes favorables au raccourcissement de certains délais, à la simplification et à la globalisation des procédures, de sorte que les délais ne se cumulent plus et cessent de s'égrener sans fin comme un chapelet de contraintes. En revanche, nous réprouvons le fait du prince, la fin de la transparence, le manque de consultation des citoyens et l'absence de choix pour les élus locaux. Or, votre texte en porte les germes et, ce faisant, aggrave ces inquiétudes. La crise ne doit pas servir de prétexte pour instaurer l'opacité et le copinage à tous les étages.

J'en viens au détail du texte, qui ressemble davantage à un patchwork fait maison qu'au plan de relance massif et immédiat que nous attendions. Tout se passe comme si, face à la crise la plus grave que nous aurons traversée depuis plusieurs décennies, vous choisissiez l'illusion la plus complète. Vous prétendez que ce plan est l'un des éléments d'une séquence. En l'occurrence, il s'agit de la « séquence du jeune spectateur », celui qui croit encore au marchand de sable, au père Noël ou même à Nicolas et Pimprenelle… (Sourires.)

À cet égard, je recommande vivement à notre nouveau ministre de la relance d'abandonner la loupe pour les verres de contact, comme le président de la commission des finances l'y a déjà invité hier. Certainement grisé par sa nomination express, il a plusieurs fois évoqué l'hypothèse selon laquelle son plan de relance, estimé à 26 milliards, entraînerait un effet de levier de l'ordre de trois pour aboutir à « un impact de 100 milliards sur les deux ans ». Trois fois vingt-six feraient donc cent ? Voilà une bien troublante équation, qui illustre peut-être de graves lacunes arithmétiques, à moins qu'il ne s'agisse d'anticiper un plan de relance à venir, ce que je crois plus probable.

Je n'aurai pas l'outrecuidance de rappeler à M. Devedjian, où qu'il soit, les additions alambiquées qu'il déclamait ici même, devant la France entière : selon lui, 428 milliards – excusez du peu – seraient affectés à notre économie par l'ensemble de ses plans de relance successifs, soit une somme comparable au plan Paulson, plus de deux fois supérieure au plan européen et égale au plan de relance de la Chine. Quand celle-ci consacre 7 % de son PIB à sa relance, vous y consacreriez plus de 22 % du nôtre, si vos chiffres étaient exacts. Bravo : joli coup de baguette magique qui transforme les « caisses vides » en tiroirs-caisses pléthoriques, d'où l'intérêt de convoquer une fois de plus Nicolas et Pimprenelle !

Le mal semble contagieux, et je dois moi-même être atteint de cécité subite car je vois davantage de choses en dehors du texte que dans le texte même, tandis que, de votre côté, vous voyez triple.

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