Je n'ai aucune difficulté à utiliser les termes « lutte des classes » parce que c'est à cela qu'on est en train de nous amener. Une étude menée auprès des trentenaires et des quadragénaires a été remise, le 9 juillet, à Mme Kosciusko-Morizet. Elle porte sur leur perception de leur intégration dans la société en fonction de leur classe sociale. Un quart de cette tranche d'âge se sent en déclassement social et pense qu'il vivra moins bien que ses parents. Selon le sondage cher à M. Mallié, les trentenaires seraient volontaires pour travailler dans les commerces le dimanche ; mais s'ils l'étaient autant que cela, ils ne se sentiraient pas, pour un quart d'entre eux, en déclassement social. On voit donc bien qu'il n'y a pas de vrai volontariat pour le travail dominical. On peut toujours dénicher quelques cas à propos desquels notre collègue Eckert disait : « Sortez les mouchoirs », mais, globalement, les mails et les lettres que nous recevons émanent de gens qui ne veulent pas que soit généralisé le travail le dimanche.
Les dispositifs que vous avez mis en place depuis deux ans limitent la liberté de choix. Je pense notamment à la loi sur les droits et devoirs du demandeur d'emploi, débattue dans cet hémicycle il y a un an : croyez-vous que les personnes concernées auront le choix de travailler ou non le dimanche ? Quand elles auront trouvé un emploi, elles accepteront n'importe quelles conditions de travail le dimanche, sans doublement du salaire et à n'importe quel horaire.
M. Chatel disait, en décembre dernier, que l'ouverture des commerces le dimanche favoriserait le pouvoir d'achat des femmes élevant seules leurs enfants. Alors que, dans ce secteur, elles ont déjà des horaires très fractionnés, avec des coupures importantes – elles travaillent le matin pour ne reprendre, souvent, qu'à seize heures et jusque tard le soir –, on va les faire travailler le dimanche, au détriment de leur vie familiale.
Arrêtez de nous dire que le travail dominical s'appliquera en grande partie sur la base du volontariat.