Que de mauvaises surprises depuis la deuxième directive, signée en 2003 par Mme Fontaine !
Les belles promesses des vertus du « marché » !
La libre concurrence et les privatisations allaient faire baisser les prix partout en Europe, et d'abord en France, prétendument sclérosée par un monopole jugé inefficace et des entreprises publiques prétendument mal gérées...
Dix ans après, où en est-on ?
On a mis les entreprises en bourse. On les a « saucissonnées » entre activités de réseaux et activités de production. On a construit des « murailles de Chine » informatiques entre les hommes pour leur interdire de se parler. On a créé des régulateurs « indépendants » et des comités un peu partout.
Pour quels résultats ?
Les prix de l'électricité et du gaz ont explosé et atteint en quelques années des niveaux inconnus, et inimaginables, en cinquante ans de monopole.
Les bénéfices des entreprises ont explosé et atteint en quelques années des niveaux inconnus, et inimaginables, à l'époque du service public.
Le cours de l'action, lui aussi, a explosé et atteint en quelques mois des niveaux inimaginables si ce n'était l'anticipation de prix à venir encore plus élevés.
Les agences d'accueil du public ont fermé les unes après les autres, vidant parfois de tout guichet EDF ou GDF des départements entiers.
On a taillé dans les effectifs comme jamais, dans toutes les régions, dans tous les métiers ; et bon courage au client ou à l'élu qui cherche un interlocuteur au sein de call centers anonymes et lointains !
Qui sont les perdants de cette libéralisation de l'énergie ?
L'industrie française, qui bénéficiait d'un avantage exceptionnel avec une énergie abondante à un prix très compétitif et parfaitement prévisible – le parc nucléaire d'EDF, c'est l'équivalent de la production pétrolière du Koweït.
Les salariés de ces industries électro-intensives.
Les PME, depuis 2004, et leurs salariés.
Pas encore les particuliers, mais, avec l'aide de la Commission européenne et du Conseil constitutionnel qui a censuré le peu qui les protégeait encore dans la loi de décembre 2006, cela ne va pas tarder. Je veux souligner la pertinence du propos de François Brottes, puisque vous avez, comme par hasard, trouvé un coupable, un responsable : le recours du parti socialiste, au demeurant tout à fait normal, devant le Conseil constitutionnel. Nous ne sommes pas, au groupe socialiste, ni la Commission européenne ni le Conseil constitutionnel !
Autre perdant : l'aménagement du territoire, avec les fermetures de centres EDF, les délais de raccordement au réseau et les temps de coupures qui augmentent partout, mais d'abord dans les zones moins denses.
Bref, ce sont les Français dans leur ensemble qui ont perdu, car la France s'est privée d'un atout exceptionnel et d'outils efficaces pour conduire une politique. Je veux le dire : en France, ça marche encore toujours bien grâce au service public ! Mieux qu'aux États-Unis, royaume du libéralisme de M. Bush, et, je n'ai pas peur de l'affirmer, mieux que dans la Grande-Bretagne de M. Blair ou de M. Brown,…