Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, depuis le début de cet après-midi, on pourrait croire que l'outre-mer a le blues ! Il s'interrogerait, il s'inquièterait : il a donc besoin d'être rassuré. Loin des yeux, loin du coeur dit l'expression populaire : Y aurait-il un malentendu entre la métropole et son outre-mer ?
Depuis plusieurs semaines, la crise financière a suscité de nouvelles interrogations, de nouvelles préoccupations, et parfois de nouvelles sollicitations. Dans ce contexte international difficile, où faire des économies s'avère parfois nécessaire, vous avez réussi, monsieur le secrétaire d'État, à préserver ce budget. C'est une prouesse qu'il faut saluer.
L'outre-mer peut certes participer à un effort national, mais il ne saurait pâtir d'une remise en cause qui découlerait d'une revanche de ceux qui ne comprennent pas toujours les réalités ultramarines. Faire les comptes, ce n'est pas régler des comptes. Ceux-là ne voient que des lignes de crédits et non les visages d'une France lointaine, fraternelle, celle de la diversité réalisée et pas seulement proclamée.
Face à tous ceux qui doutent, qui s'inquiètent, ce budget va dans le bon sens, celui de la tradition de notre nation, qui permet d'assurer une continuité dans l'effort de solidarité nationale envers l'outre-mer, et un rattrapage qui n'est pas une dérogation mais une correction. Il va dans le bon sens qui est celui d'une gestion innovante de la politique publique face à éloignement et qui est adaptée à un monde qui change. Car l'outre-mer change lui aussi, et il est temps de ne pas minimiser ces changements.
Il va dans le bon sens enfin, d'une véritable reconnaissance de la capacité de l'outre-mer à créer, à innover, à se développer. Il était temps de reconnaître tous ces talents.
Le projet de budget pour 2009 est donc la traduction de ce bon sens, qui exprime une volonté, un engagement, une détermination du Gouvernement et du Président de la République de ne pas oublier, mais plutôt de valoriser les atouts de l'outre-mer, qui est une spécificité de notre pays dans l'Union européenne.
Comment en douter, quand on sait que la mission « Outre-mer » voit ses crédits augmenter, pour passer de 15 à 16,5 milliards d'euros ?
Comment en douter, quand ces augmentations s'accompagnent d'une réorganisation efficace des pouvoirs publics, pour atteindre un véritable objectif, celui de favoriser l'emploi et de lutter contre le chômage, qui est un des problèmes endémiques de l'outre-mer ?
Les créations d'emplois outre-mer ont été plus nombreuses qu'en métropole. Cependant, elles n'ont pas permis de résoudre le problème du chômage, en raison notamment de la croissance démographique. La situation est parfois choquante, avec un chômage en moyenne deux fois plus élevé qu'en métropole. C'est pourquoi je vous félicite madame la ministre, monsieur le secrétaire d'État, de mettre le paquet sur la lutte contre le chômage.
De même, comment douter de la volonté du Gouvernement de donner plus à l'outre-mer, quand tout est mis en place pour soutenir les secteurs d'activité en crise, notamment le bâtiment et le logement ?
Le projet de budget prépare aussi le projet de loi de développement économique de l'outre-mer qui sera défendu prochainement.
La volonté du Gouvernement est d'appuyer le développement économique sur les secteurs porteurs, ce qui suppose de sortir d'une logique de saupoudrage pour concentrer les moyens sur les secteurs stratégiques.
L'une des mesures essentielles de cette loi de programme sera la création des zones franches globales d'activité, au sein desquelles les entreprises des secteurs prioritaires seront largement défiscalisées.
Le problème de l'outre-mer n'est pas sans rappeler celui de la ville et de ses quartiers. La proximité des métropoles urbaines rejoint souvent l'éloignement de la métropole nationale. C'est la raison de l'intérêt et de la présence d'élus métropolitains comme mes amis et collègues, Gérard Gaudron, Patrice Calméjane, Jean-Christophe Lagarde : députés de Seine-Saint-Denis, département où l'on trouve des morceaux des outre-mer . Et il est bon que ceux qui ont travaillé sur ces dossiers, comme Didier Quentin, Michel Diefenbacher ou Hervé Mariton, viennent affirmer la solidarité nationale.
L'outre-mer partage en effet souvent les souffrances urbaines, car l'éloignement est autant dans le regard de l'autre que dans la géographie,
Le Président de la République, Nicolas Sarkozy, après l'action reconnue de son prédécesseur Jacques Chirac, que l'on n'a peut-être pas suffisamment cité dans cet hémicycle, a bien saisi que le projet pour l'outre-mer devait être le fruit d'une dynamique et d'un travail de long terme.
Cette France du siècle à venir, cette grande France, celle de métropole et d'outre-mer est celle de la diversité réussie.
Cette France qui a pleuré Aimé Césaire ou qui vient d'applaudir Barack Obama, cette France du grand large où le Nouveau monde reste attaché à la vieille Europe, n ‘est pas une carte postale, c'est une tranche de vie quotidienne.
Pour tous mes collègues qui n'ont pu participer à cette séance, présidée comme le veut la tradition par le président de l'Assemblée nationale lui-même, je souhaite, madame la ministre, monsieur le secrétaire d'État, vous faire une suggestion : que vous ne vous rendiez pas outre-mer sans emmener avec vous trois, quatre ou cinq députés, ceux qui parfois déposent des amendements, parfois parlent de l'outre-mer sans le connaître, pour qu'ils puissent, à vos côtés, mieux en saisir les réalités. Je suis persuadé qu'ils seront d'accord, quels que soient les bancs sur lesquels vous les choisirez. Ils verront que certains propos sont déplacés quand on visite Boissard ou l'hôpital de Cayenne, quand on découvre les maisons du quartier chinois ou de la Volga ; les réalités de l'outre-mer c'est aussi cela, ce n'est pas la niche fiscale.
A mes collègues de l'opposition, qui ont aujourd'hui beaucoup critiqué, je demande de reconnaître tout de même que l'outre-mer n'a jamais été abandonné et sacrifié sous la 5ème République et que leur sévérité est quelque peu mal placée. Michel Diefenbacher me disait : « Ils ont été très durs aujourd'hui ». (Protestations sur les bancs du groupe SRC.)