Je veux ajouter quelques mots sur le sujet. Ces atermoiements lexicaux interpellent. Pourquoi, après avoir retenu le terme « agrocarburants », revient-on à celui de « biocarburants » ?
Essayons d'apporter une réponse. Nous avons tous été soumis à des interventions diverses, appuyées par des argumentaires qui ont au demeurant leur valeur : je respecte pour ma part les explications que l'on peut nous fournir et je ne mets pas en cause ce type de démarches, que je qualifierai de citoyennes. Toutefois, dans le cas présent, l'objectif est de suggérer que, à l'inverse du vieil adage, l'habit fait le moine : avec l'appellation « biocarburants », on veut laisser croire que les problèmes soulevés par le monde scientifique sont fictifs. En d'autres termes, il s'agit d'un affichage destiné à occulter des problèmes réels.
Des problèmes existent. Les scientifiques s'interrogent sur les conséquences que pourraient avoir des changements massifs dans l'occupation des sols, notamment du point de vue de l'aggravation de l'effet de serre. Quel est le bilan énergétique des cultures spécifiquement consacrées à l'énergie – qui doit être distingué de celui des résidus de culture ?
Mais on ne peut pas parler des agrocarburants sans évoquer les conséquences qu'ils risquent d'avoir sur les pays en développement. Or nous ne pourrons arriver à l'objectif de 10 % d'agrocarburants dès 2015, bien supérieur à l'objectif européen, sans importations massives. Il est vrai que le texte envisage très clairement la possibilité de revenir sur cette ambition. Mais, quoi qu'il en soit, ne soyons pas dupes, l'évolution du vocabulaire me fait penser à cette fameuse réplique du Tartuffe de Molière : « Couvrez ce sein que je ne saurais voir ! »