Je serai plus clair ou, en tout cas, plus binaire que M. Chassaigne.
Je pense qu'il ne s'agit pas seulement d'une question de sémantique. Lors de la première lecture à l'Assemblée, madame la secrétaire d'État, le terme retenu avait été celui de « biocarburants ». Je le contestais et le conteste toujours, comme je vais m'en expliquer dans un instant. Lors du débat au Sénat, après avoir entendu quelques arguments raisonnables – comme il le sont souvent au Sénat, et en tout cas dans cette occurrence –, vous avez, madame la secrétaire d'État, accepté le mot « agrocarburants ». Or, voici que nous retrouvons à l'Assemblée celui de « biocarburants ».
J'espère donc que le Gouvernement fera preuve de constance dans ses opinions, et acceptera le terme « agrocarburants » à l'Assemblée après l'avoir fait au Sénat. Ainsi, nous ne reparlerions plus de « biocarburants », terme qui s'apparente à un écran de fumée destiné à faire croire à une origine « bio ».
Par ailleurs, j'ai entre les mains un rapport du ministère de l'écologie intitulé : « Agrocarburants et environnement », rédigé par M. Yvon Le Maho, directeur de recherches au CNRS, membre de l'Académie des sciences et président du Conseil scientifique du patrimoine naturel et de la biodiversité. Dans l'avant-propos du rapport, et tout au long de ce dernier, il ne parle que d'« agrocarburants ». Quant à l'introduction de Mme Michèle Pappalardo, commissaire générale au développement durable – service rattaché au ministère –, elle ne mentionne que les « agrocarburants ». Il en va de même, enfin, de la partie intitulée : « Message aux décideurs », rédigée par M. Éric Vindimian, chef du service de la recherche au ministère. Bref, le ministère a déjà anticipé la consécration du terme d'« agrocarburant », vrai équivalent français du « biofuel », comme on l'appelle dans les pays anglo-saxons.
Enfin, les agrocarburants sont une nouvelle erreur thermodynamique. Le rendement de la photosynthèse est tout à fait lamentable, même si, sans elle, nous ne serions évidemment pas là : elle est assurée par les plantes, seules capables de transformer de la lumière en sucre. Mais ce phénomène remarquable génère, je le répète, des rendements très faibles – de l'ordre de 1 % –, que l'on ne pourra sans doute pas améliorer. En outre, du point de vue thermodynamique, la chaîne de la filière des agrocarburants, loin de constituer une source d'énergie, est presque un puits énergétique : il faut, grosso modo, un peu plus d'énergie en amont pour produire un litre d'éthanol.
Les agrocarburants, dans les années 2005 et 2006, avaient un peu séduit M. de Villepin, qui n'y connaissait rien.