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Intervention de Yves Cochet

Réunion du 11 juin 2009 à 21h30
Grenelle de l'environnement — Article 28, amendement 383

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Cochet :

Nous ne défendons pas la même politique agricole que le rapporteur, ni que d'autres collègues sur ces bancs.

Cet amendement vise à dire que, si l'on adopte une vision globale de ce que peut être une transformation écologique de l'économie en général, et de l'agriculture en particulier, il faut internaliser les coûts cachés de l'agriculture. Je fais référence à d'autres économistes que Ricardo, car à son époque on ne parlait pas comme cela !

Ces coûts cachés sont très nombreux, notamment en matière environnementale. Or cette loi était en principe destinée à défendre, à préserver, à promouvoir l'environnement ; on a parfois l'impression, en lisant les amendements adoptés en commission ou par le Sénat tandis que mes propres amendements sont repoussés, que cette loi fait le contraire de ce qu'il faudrait faire ! Je suis de plus en plus déçu – je l'ai déjà dit hier, et je le redirai peut-être encore ce soir.

Le modèle productif, et même productiviste, agricole européen n'est pas du tout durable. Vous avez parlé, madame la secrétaire d'État, d'agriculture durable : nous en sommes très loin ! Ce modèle contribue à l'aggravation de nombreux problèmes environnementaux. La pollution de l'air, des eaux et des milieux marins est bien connue : venez sur la plage de Saint-Michel-en-Grève, en Bretagne, et vous verrez ce que sont l'eutrophisation et les marées vertes – car cette région pratique une agriculture extrêmement intensive.

L'agriculture fait des énergies fossiles une consommation abusive : pour faire arriver une calorie alimentaire dans l'assiette, il faut treize calories énergétiques, dont huit de pétrole. C'est cela, le modèle productiviste européen ! On ne peut pas parler d'agriculture durable, compte tenu d'un tel rapport énergétique.

La biodiversité se réduit : allez dans la plaine de Beauce, et cherchez la biodiversité – je peux vous dire qu'il n'y a plus grand monde ! On l'a aussi vu à propos des abeilles et du Cruiser : parce que l'on a autorisé un pesticide, les abeilles disparaissent. Certes, il s'agit très probablement d'un problème multifactoriel, mais nous avons organisé, ici même à l'Assemblée nationale, un petit déjeuner dans l'appartement de l'un des questeurs, au cours duquel la Fédération nationale des apiculteurs de France nous a déclaré que le Cruiser était le principal facteur de mortalité des abeilles. Une preuve a contrario en est que les nombreuses ruches parisiennes ne rencontrent pas ce problème : or il n'y a évidemment pas de Cruiser à Paris. Ce pesticide semble donc être une des causes les plus importantes de mortalité des abeilles.

Ce modèle agricole fait ainsi courir beaucoup de risques à la santé des consommateurs, mais aussi à celle des agriculteurs. J'avais oublié hier le nom du professeur de l'université de Montpellier qui fait des études sur les effets des pesticides, notamment sur les enfants de viticulteurs : c'est le professeur Sultan. Je vous renvoie à ses études, qui sont extrêmement inquiétantes ! Je vous renvoie aussi à différents films qui rencontrent actuellement un certain succès en France.

Notre modèle agricole, on le voit, n'est pas du tout adapté à ce qu'il faudrait faire en matière de santé ou d'environnement. Notre amendement vise donc à internaliser les coûts environnementaux de l'agriculture : s'il était adopté, l'alimentaire et l'agro-alimentaire coûteraient beaucoup plus cher qu'aujourd'hui – d'autant que l'agriculture productiviste est énormément subventionnée par le budget européen !

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