Quelles ne furent pas notre surprise et notre déception en découvrant qu'en fait de mesures spectaculaires pour le pouvoir d'achat, vous ne nous proposiez qu'un énième tour de passe-passe. Malheureusement pour vous, les spectateurs ont fini par se lasser.
Au fond, vous nous dites que les Français n'ont qu'à se serrer la ceinture aujourd'hui pour pouvoir consommer demain ; et s'ils préfèrent l'inverse, qu'ils y réfléchissent à deux fois !
Vous enjoignez aux Français d'être rationnels et réalistes en choisissant de dépenser soit aujourd'hui, soit demain, mais, en tout état de cause, sans attendre du Gouvernement que celui-ci les aide à gagner plus.
Mis à l'épreuve des faits, votre slogan « travailler plus pour gagner plus » ne met pas longtemps à prendre l'eau de toutes parts. Travailler plus, c'est ce que vous répétez à longueur de journée mais pour gagner quoi ? Des heures supplémentaires pour compenser les salaires insuffisants ? La revalorisation du SMIC se fait toujours attendre, tout comme celle des retraites, qui progressent deux fois moins que l'inflation.
Vous dites aux Français qu'ils n'auront plus besoin d'attendre un mariage, un divorce ou un veuvage pour toucher l'argent patiemment accumulé au cours de longues années de travail. Puisque le travail ne permet plus de gagner suffisamment pour vivre, on leur donne le droit de consommer en ponctionnant leur épargne.
Comme nous le verrons lors de la discussion des amendements, certains de nos collègues de la majorité finissent d'ailleurs par recourir à des motivations pour le moins ambiguës. Ainsi, il est indiqué à l'exposé des motifs de l'amendement n° 43 rectifié que « l'expérience montre en effet que les salariés aux revenus les plus modestes n'ayant pas par nature une capacité financière à épargner, seule l'indisponibilité d'une partie au moins de leurs droits à participation leur permet d'être actionnaires de leur entreprise. » Nous aurons l'occasion de discuter des motivations de cet amendement, mais c'est un fait : les Français les plus modestes ne parviennent pas à épargner.