Votre pari d'une récession courte et de faible ampleur, ne nécessitant pas une intervention massive de l'État, est risqué. Il montre que vous sous-estimez de nouveau l'importance du phénomène. Aujourd'hui – n'est-ce pas étonnant ? –, les grands dérégulateurs occidentaux n'entrevoient plus le salut que dans l'intervention massive de l'État.
Or la crise ne met pas seulement notre économie à rude épreuve, comme vous l'indiquez dans l'exposé des motifs, elle atteint les plus modestes, les plus fragiles qui se retrouvent au chômage les uns après les autres. Et l'inquiétude s'amplifie chez les Français, dont bon nombre deviennent des travailleurs pauvres. Les classes moyennes sont menacées, les salariés retraités malmenés, et vous ne leur donnez que des raisons supplémentaires d'inquiétude.
Par arrêté publié au Journal officiel du 3 janvier 2009, vous incitez au recours au chômage technique, le ministre du budget soulignant qu'« il vaut mieux garder un contrat de travail, quitte à travailler moins » et, bien sûr, sans doute à gagner moins. Il est loin le temps où vous incitiez les entreprises à user des heures supplémentaires défiscalisées et faire « travailler plus pour gagner plus ». De surcroît, cette annonce est en contradiction avec l'objectif premier de votre plan de relance, qui est de favoriser l'emploi.
Que proposez-vous aux salariés – j'ai eu le cas dans ma circonscription – qui, contraints d'accepter le chômage technique et la perte de la moitié de leur salaire, doivent toujours honorer les emprunts souscrits pour leur maison et se voient refuser par leur établissement bancaire un étalement des remboursements ?