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Intervention de Jean-Pierre Brard

Réunion du 7 janvier 2009 à 21h30
Projet de loi de finances rectificative pour 2009 — Question préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Brard :

C'est la vérité ! Mme Lagarde se réjouit que les prêts bancaires aient augmenté de 0,34 %. Je comprends que les membres de la majorité se rendent de plus en plus souvent chez l'ophtalmologiste : il leur faut des lunettes pour parvenir à mesurer ce qui ne représente que l'épaisseur d'un trait. Les chiffres étaient déjà très mauvais. Cette augmentation de 0,34 % démontre l'échec des dispositions que vous avez prises. Mais, aveuglés par une idéologie qui vous intoxique, vous ne voulez pas venir à résipiscence, alors que ce serait conforme à l'intérêt du pays.

Pendant ce temps, comme l'a promis le Président de la République, on continue les réformes. « La réforme, disait Jaurès, est une étape vers l'objectif final. » En l'occurrence, il s'agit de la destruction de notre système social, au sens le plus large. C'est dans cette direction que vous allez. Vous obtenez d'ailleurs des résultats, mais ils ne semblent pas vous émouvoir. Parfois, cependant, quand l'émotion de l'opinion grandit, vous versez des larmes de crocodile, par exemple quand on annonce que 600 emplois sont supprimés chez Adecco, 296 chez Amora, 360 chez Altadis, 1 400 chez Arcelor, 960 à la CAMIF, 580 chez Hewlett Packard, 251 chez le chimiste Henkel, 3 500 chez PSA Citroën, 4 500 chez Renault et 312 chez Sony. Même dans l'industrie de luxe, qui ne s'est jamais aussi bien portée qu'aujourd'hui, on supprime des emplois. L'occasion est trop belle d'augmenter encore les dividendes en liquidant des emplois.

Dans cette crise, les plus touchés sont les plus faibles. Le 24 décembre, dans Les Échos, un article intitulé « Les plus pauvres davantage touchés selon le CREDOC », indiquait : « Si la consommation globale des ménages se maintient, celle des plus pauvres se contracte. » L'étude comparait les conséquences de la crise sur les ménages moyens et ceux qui vivent sous le seuil de pauvreté, c'est-à-dire avec moins de 880 euros par mois pour une seule personne. Il en ressortait que 56 %, c'est-à-dire plus de la moitié, des ménages pauvres interrogés déclaraient avoir moins de 250 euros par mois, une fois payées les dépenses fixes : logement, crédits, téléphone… La moitié d'entre eux avait l'impression de s'en sortir plus difficilement que trois mois plus tôt. Comment feriez-vous pour vivre avec vos enfants, chers collègues, si vous ne disposiez que de cette somme ? Vous savez bien que l'équation est insoluble et que certains de nos concitoyens ont faim. Les sondages montrent que 66 % des ménages pauvres ont réduit encore leurs dépenses alimentaires.

Le Gouvernement nous assure que le revenu médian a augmenté. Certes ! Entre le smicard et M. Ghosn, l'écart s'est creusé. Mais quelle escroquerie intellectuelle et morale que d'établir une moyenne entre ces millions de Français qui vivent dans la gêne, la pauvreté et la misère, et ceux qui se gobergent en s'accordant à eux-mêmes des salaires indignes, qui devraient troubler leur sommeil, quand tant de gens, du fait de votre politique, sont réduits à la misère. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et SRC.)

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