Oui, nous nous sommes opposés à un texte pour lequel l'urgence avait été déclarée et qui vise à mettre l'audiovisuel public sous une double tutelle, budgétaire et politique.
Mise sous tutelle budgétaire, d'abord, dans la mesure où, pour l'année 2009, la suppression de la publicité après vingt heures devrait être compensée à hauteur de 450 millions d'euros. À budget équivalent, France Télévisions devra donc dégager, dans la journée, des revenus publicitaires de l'ordre de 350 millions d'euros, objectif qui, compte tenu du dumping tarifaire pratiqué par les chaînes privées, est d'ores et déjà hors d'atteinte.
Les ressources de France Télévisions vont donc baisser cette année, alors même que le groupe doit faire face à des dépenses supplémentaires. Le budget pour 2009 doit notamment prendre en compte le financement des nouveaux programmes destinés à occuper les créneaux libérés par la publicité. Il a dû intégrer les coûts consécutifs au renforcement de la stratégie éditoriale visant à proposer un nombre croissant de programmes à vocation culturelle à des heures de grande écoute. Parallèlement, France Télévisions doit poursuivre son effort d'investissement en faveur de la création audiovisuelle française et européenne. À ces investissements s'ajoutent ceux nécessaires à la diffusion des contenus sur les différents supports numériques, ce qu'on appelle communément la diversification.
Conséquence logique : le déficit prévu pour le budget de France Télévisions en 2009 s'élève d'ores et déjà à 135 millions d'euros.
Pour notre groupe, la question essentielle est là. Nous rejetons, en effet, la vision binaire, simpliste que vous avez voulu nous imposer en opposant ceux qui seraient favorables à la publicité sur les chaînes publiques et ceux qui seraient contre. Nous la rejetons d'autant plus que votre entêtement à vouloir faire croire qu'une bonne télévision doit nécessairement se faire sans publicité n'a aucun fondement. Il y a, nous le savons, de très bonnes télévisions qui diffusent de la publicité, et de très mauvaises télévisions qui s'en passent. La suppression de la publicité n'est, en aucun cas, en matière de programmes, une garantie automatique de qualité.