Monsieur le ministre, François Scellier – il en conviendra certainement – n'est pas un dangereux gauchiste. Or il dit la même chose que moi, tout simplement parce que c'est la réalité. Il ne s'agit pas d'un problème marginal : 35 000 logements sont concernés.
En vous écoutant, je me suis demandé si vous ne souffriez pas d'un problème de coordination entre votre hémisphère droit et votre hémisphère gauche. Car enfin, la Caisse des dépôts, dont Icade n'est qu'un prolongement, n'est-ce pas un peu l'État ?
François Scellier a qualifié la situation d'aberrante ; je dirai pour ma part qu'elle est scandaleuse. En effet, il n'est pas acceptable que le président d'une société dépendant de la Caisse des dépôts, nommé par la grâce de l'État – arrêtons avec les faux nez ! –, ne se soit jamais rendu sur place pour se rendre compte de la situation par lui-même et traite de la vie des gens avec arrogance, du fond de ses pénates douillettes. À Montreuil, on suspend cette épée de Damoclès au-dessus de la tête de personnes qui vivent dans leur logement depuis cinquante ans ! Le PDG d'Icade ne fait preuve d'aucune sensibilité, d'aucune humanité : il ne vaut guère mieux que celui de la Société générale !
Monsieur le ministre, vous répondez : « Icade souhaite se séparer de son patrimoine social. » Mais Icade, c'est vous ! C'est à vous d'empêcher que l'on brade ainsi, par caprice et formatage idéologique, une partie du patrimoine de notre pays : 35 000 logements, je le répète. Pensez aux gens qui vivent là depuis cinquante ans, dont on ne fait aucun cas, qu'on bazarde pour gagner trois francs six sous et remplir, peut-être, les caisses de la Caisse des dépôts, dans lesquelles, il est vrai, vous avez largement puisé.
Non seulement le déconventionnement est inacceptable en soi, mais la pratique d'Icade est particulièrement honteuse. Si vous n'étiez pas autiste, monsieur le ministre, nous n'aurions pas besoin de recourir à l'action ; un dialogue constructif, qui prendrait en compte la situation des personnes concernées, suffirait à régler le problème d'une façon civilisée. C'est en instaurant un rapport de force que nous avons obtenu une première fois d'Icade qu'elle recule et, s'il le faut, nous recommencerons.