Nous entendons l'argumentation du ministre, qui a rappelé les mesures ponctuelles visant à améliorer un tant soit peu la situation de telle ou telle catégorie défavorisée. Mais l'opposition et la majorité divergent sur l'appréciation globale de la situation.
Nous pensons que la dérive actuelle et le creusement des inégalités mettent en question le pacte social républicain. L'étude de l'école économique de Paris intitulée Les Hauts Revenus en France : une explosion des inégalités montre qu'entre 1998 et 2006, plus de 90 % des foyers fiscaux ont vu leur pouvoir d'achat progresser de 4,6 %, tandis que celui de 0,1 % de la population – la fraction la plus riche – a progressé de plus de 30 %.
Certes, vous nous avez expliqué, lorsque nous avons débattu du bouclier fiscal, qu'il est de l'intérêt supérieur de la nation que les plus riches soient toujours plus riches, et qu'ils restent chez nous. Mais la colère de ceux qui ont défilé aujourd'hui dans les rues, et de ceux qui soutiennent leur mouvement n'a pas d'autre cause que la déchirure du tissu social, du fait de l'augmentation des inégalités. La cohésion sociale, le pacte social, auquel le Président Chirac aimait se référer, sont désormais compromis. S'il y a une rupture entre ce quinquennat et le précédent, c'est à ce sujet. C'est pourquoi nous maintenons notre amendement, car il faut profondément reconsidérer la répartition des richesses dans notre pays.
(L'amendement n° 61 n'est pas adopté.)