La question des heures supplémentaires est biaisée. Si, au moment où le pouvoir d'achat des salariés baisse considérablement, les heures supplémentaires sont la seule façon qu'on leur offre de gagner un peu plus d'argent, il est évident qu'ils y auront recours. Ne nous étonnons donc pas que 5 millions d'entre eux aient fait des heures supplémentaires.
Cela n'empêche pas qu'on s'interroge sur un dispositif qui prospère fatalement au détriment de la création d'emplois. Les exonérations diverses sont forcément payées par tous ceux qui ne font pas et qui ne peuvent pas faire d'heures supplémentaires. Le système n'a pas créé de richesse supplémentaire à répartir. Il y a, enfin et surtout, ce que l'on oublie trop et que les salariés qui effectuent ces heures supplémentaires taisent : dans bien des cas, le dispositif s'accompagne, en arrière-plan, d'une dégradation des conditions de travail, à cause de l'augmentation de la durée du travail.
En favorisant les heures supplémentaires, vous court-circuitez le débat sur l'augmentation des salaires et vous occultez la question de fond : quelle est, aujourd'hui, la vraie valeur du travail ? Revaloriser la rémunération du travail supposerait en effet qu'on s'en prenne aux revenus du capital. Voilà pourquoi vous refusez que cette question soit posée. Ne faussons donc pas ce débat, discutons de tout, sur le fond.