Faire passer une réforme à coups de règle sur les doigts, n'est-ce pas la preuve de son caractère contestable ? (Applaudissements sur plusieurs bancs.)
En vérité, le pouvoir s'est replié sur ses forteresses conservatrices. Là où le pays demandait, monsieur le Premier ministre, de grandes avancées démocratiques, vous vous êtes enfermé avec les plus antiréformateurs pour faire cette réforme, la faisant rétrécir au lavage de chaque lecture, la réduisant à quelques avancées, certes positives – que vous avez énumérées sous les rires du Congrès – mais perdues au milieu d'un programme d'accroissement général de la concentration des pouvoirs.
Cette réforme est, à mes yeux, une scandaleuse et triste occasion manquée devant l'histoire de notre pays. (« Faux ! » sur plusieurs bancs.) Elle aurait pu être la démonstration que les partis politiques qui s'affrontent sur de nombreux terrains sont capables, comme des adultes, de se concilier pour redéfinir les règles du jeu dans l'intérêt des citoyens et de la République.
Cette réforme aurait pu s'inspirer, dans son dénouement, de ce qu'il advint lorsque Simone Veil, ministre de la santé, défendit courageusement la réforme légalisant l'avortement en 1974. La droite ne voulait pas la voter. La gauche sauva la réforme.