C'est, je crois, une bien curieuse façon de soutenir le cinéma que de commencer par l'agresser en autorisant la seconde coupure de publicité dans les films.
Revenons au fond : nous voulons supprimer cet article qui viole les droits du Parlement. Procéder par ordonnances pour réformer le CNC et le cinéma français avec, qui plus est, un délai de huit mois qui en dit long sur l'état d'impréparation de ce dispositif, est évidemment inacceptable. Vous me direz que le Gouvernement est coutumier du fait, lui qui n'a pas hésité à tordre le bras du président de France Télévisions pour qu'il s'inflige lui-même, ce matin, le supplice de la corde au cou.
Mais ce n'est pas une raison pour s'en satisfaire. Nous pensons – et vous devriez le penser aussi – que le Parlement est là pour légiférer, pour faire la loi ; et c'est encore plus vrai sur un sujet comme celui du cinéma. Le financement de celui-ci est une sorte d'horlogerie de précision, qui a permis depuis les années 50 de construire – et surtout de préserver – une véritable industrie nationale : la France est l'un des rares pays au monde, avec la Corée et l'Inde, qui ait su préserver sa culture cinématographique. Aujourd'hui, on nous propose, pour cette cause nationale, cet élément essentiel de la diversité culturelle, et aussi crucial dans le débat avec nos voisins d'outre-Atlantique, que le Parlement soit court-circuité, et que seuls le CNC et le Gouvernement soient concernés par ces négociations : ce n'est pas acceptable.