Je suis d'accord avec Didier Mathus.
Ce ne sont que bluettes ou mesurettes. Pourquoi ne pas écrire : « France Télévisions garantit l'identité […] » ? La rédaction controuvée de l'amendement conduit, pour ainsi dire, à une aporie philosophique. Vous parlez de diversité mais, curieusement, vous créez une entreprise unique. À moins de faire vivre la devise américaine E pluribus unum – Out of many, one, comme dirait Al Gore –, à moins de créer l'unité à partir de la diversité, comment transformer le président de France Télévisions en démiurge ? Comment faire vivre la diversité dans une entreprise globale, où les chaînes sont assimilées à de simples services audiovisuels ou à des centres d'actualité télévisée ? Bref, l'amendement est incantatoire et déclaratif : il ne va pas assez loin et ne peut donc nous satisfaire.
J'ajoute que, en matière de diversité, il fallait aller plus loin et ne pas se limiter à la création. Pour parler de ce que je connais, les sommes allouées à RFO pour la production sont, rapportées à un budget global de quelque 267 millions d'euros, négligeables. Vous savez très bien que, pour produire une fiction ou une oeuvre à dimension patrimoniale, on s'adresse aux collectivités : sans la contribution de la région Guadeloupe, La Baie des flamboyants – dont je ne garantis pas la qualité esthétique –, par exemple, n'aurait jamais vu le jour. Et l'on a refusé, au titre de l'article 40 de la Constitution, des moyens supplémentaires en faveur du Centre national de la cinématographie.
Comment faire vivre la diversité dans un bloc dont l'organisation l'empêche ? La contradiction est plus que sémantique : elle est philosophique et politique.