En référence aux propos éclairés de M. Balladur et de M. Carrez, nous sommes fondés à considérer que la démarche est anti-économique. Car cette fusion-absorption se déroule dans des conditions telles que le financement pérenne de l'audiovisuel public, et tout particulièrement de France Télévisions, n'est en rien assuré.
J'ai encore à l'oreille les propos ô combien lyriques du président Copé : cette logique d'entreprise unique visait à s'inscrire dans le XXIe siècle technologique et à permettre la diversification. Mais où le groupe France Télévisions va-t-il pouvoir trouver les moyens de sa diversification et de sa présence sur les multiples supports numériques ?
Je voudrais revenir, puisqu'il ne m'a pas été possible de le faire hier, aux propos qu'a tenus Mme la ministre en réponse aux orateurs qui se sont exprimés dans la discussion générale. Comment peut-on dire que ce projet de loi est une chance pour les créateurs ? Tout le monde sait que leur inquiétude est vive. D'abord pour des raisons qui tiennent au financement de la production audiovisuelle ou cinématographique, mais aussi parce que cette fusion-absorption comporte un risque évident d'uniformisation éditoriale, d'uniformisation des programmes. Le spectre du « guichet unique », comme on dit, est suffisamment présent pour que les créateurs nous alertent, comme ils l'ont fait à plusieurs reprises.
Et puis, derrière tout cela, il y a la dimension sociale. Cette fusion-absorption, ce renforcement d'une entreprise unique, a pour objectif, nous dit-on pudiquement, de faire des économies d'échelle. Cela entraîne évidemment des conséquences en termes d'emplois. M. Lefebvre a d'ailleurs ouvertement présenté la note. Je voudrais ici relayer une fois de plus la légitime inquiétude des 11 000 salariés de France Télévisions.