Qui, pourtant, pourrait contester que le rôle du président de la République a évolué dans sa nature et donc dans la manière que le chef de l'État a d'apparaître dans ses interventions télévisées ? La parole présidentielle n'est manifestement plus empreinte d'une rareté qui lui donnerait un caractère particulier.
Du reste, chers collègues de la majorité, le comité constitutionnel présidé par M. Édouard Balladur a lui-même constaté cette évolution. En proposant que les interventions du chef de l'État soient prises en compte dans le temps de parole de l'exécutif, le rapport du comité constitutionnel a ainsi pointé l'« anomalie » que représentait le décompte actuel des temps de parole et, en soulignant que « cette situation [était] la traduction d'une conception dépassée du rôle du chef de l'État », il nous a invité, de fait, à modifier la loi du 30 septembre 1986.
Ce constat est largement corroboré par l'analyse statistique des temps de parole du président de la République. Il ressort ainsi des données publiques du CSA que le temps de parole du Président de la République entre 1989 et 2005 se situait, en moyenne, à 7 % du temps global des interventions politiques. Ces mêmes données pour le deuxième semestre 2007 indiquent que Nicolas Sarkozy a disposé de 13,3 % – voire de 15 % avec les interventions de ses collaborateurs – du temps de parole politique dans les journaux télévisés, les magazines d'information et les programmes de divertissement. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)