Il s'agit d'une attitude regrettable de votre part car ces moments ont permis des échanges très fructueux entre parents et enseignants. Au passage, d'autres collègues l'ont dit, la suppression de l'école le samedi matin rendra demain plus difficiles encore ces échanges, et c'est bien dommage.
Comme vous constatez que cette politique d'affrontement entre les parents et les enseignants, ourdie sans doute davantage à l'Élysée que dans les bureaux du ministère de l'éducation, ne marche pas, vous avez décidé d'aller à l'affrontement direct avec les enseignants. On a même carrément l'impression que vous vous trouvez réduit – alors qu'il ne s'agissait sans doute pas de votre position au début – à « casser du prof », si vous me permettez l'expression, au motif que cela vous rendrait populaire à l'Élysée et sur les bancs de l'UMP. On l'a constaté, malheureusement, lors de nombreuses questions d'actualité, quand vous avez été applaudi à tout rompre par nos collègues de l'UMP alors que vous critiquiez le monde enseignant.
Il y a quelque paradoxe à raviver ce discours « anti-prof » sur la question des grèves alors même que c'est un des secteurs de la fonction publique où l'on comptait traditionnellement le moins de jours de grève. Vous devriez peut-être commencer par vous interroger sur les raisons qui ont conduit à cette crispation. En vous arc-boutant sur ce projet de loi sur le service minimum en cas de grève, vous tentez d'escamoter le débat sur les causes réelles, profondes du mécontentement dans l'éducation nationale qui, encore une fois, fédère autant les enseignants que les parents d'élèves.
Vous répondez alors que vous avez les sondages avec vous. Vous l'avez encore dit tout à l'heure dans une réponse à M. Candelier. Voilà un raisonnement étrange de votre part ! Les Français s'expriment quotidiennement, depuis des mois, sondage après sondage, contre les principaux aspects de votre politique ! Avec ce raisonnement, vous devriez changer de politique et même appeler le Président de la République à la démission ! (Murmures sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Vous voyez bien que vos raisonnements ne tiennent pas : quand on fonde une politique sur des sondages, on ne va nulle part.
En fait, la déclaration de Nicolas Sarkozy devant le conseil national de l'UMP – on se demande d'ailleurs bien ce qu'un Président de la République va faire devant le conseil national d'un parti (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire) –, selon laquelle « la France change puisque maintenant, quand il y a une grève, plus personne ne s'en rend compte », sonne comme un défi lancé aux enseignants et, à travers eux, à tous les fonctionnaires. Si le Président de la République veut un bras de fer au point que la France soit paralysée par les mouvements sociaux, qu'il le dise !
Surtout, alors que l'éducation nationale vient de connaître une année agitée, où tous les niveaux – c'est une première –, de la maternelle à l'université, ont été touchés, alors qu'ont été concernés les parents, les enseignants et, au lycée et à l'université, les élèves, la première urgence est-elle de défier les enseignants, de faire preuve de méfiance à leur égard ? Toute votre politique se résume dans cette attitude.
Enfin, nous aurions un ministre de l'éducation nationale qui va au conflit avec les enseignants, un ministre qui ne cède pas : tel est le portrait qui est fait de vous à l'Élysée et à l'UMP – c'est ce que nous lisons chaque jour dans la presse.